Connu sous le nom d’impuissance apprise, ce phénomène psychologique pouvant se révéler particulièrement handicapant se caractérise par le sentiment erroné que quoi que vous fassiez, tous vos efforts seront vains. Mais il ne s’agit en aucun cas d’une fatalité. Explications.
Profond sentiment d’impuissance et démotivation
Défini pour la première fois par le professeur de psychologie expérimentale Martin Seligman, le concept d’impuissance apprise désigne « le renoncement suscité par la répétition d’échecs dans une situation donnée, malgré les efforts fournis pour atteindre un objectif ». Les personnes y étant confrontées sont alors convaincues de ne pas disposer des ressources physiques et mentales nécessaires pour atteindre leur but, ce qui se traduit par un sentiment de démotivation constante à même de freiner leur évolution et leur apprentissage. Comme si leur cerveau leur murmurait « inutile d’essayer, tu n’en es pas capable ».
L’impuissance apprise a été parfaitement illustrée par une expérience du Dr Charisse Nixon. Dans celle-ci, deux groupes d’individus placés dans une même pièce devaient reconstituer des anagrammes : le premier groupe disposait de trois anagrammes faciles à reconstituer, tandis que les deux premières anagrammes confiées au second groupe se révélaient impossibles. Pensant avoir reçu le même sujet, les membres du second groupe se décourageaient en voyant leurs confrères les résoudre rapidement, et n’essayaient même pas de s’attaquer à la troisième, pourtant largement à leur portée.
« Le succès est l’aboutissement d’une succession d’échecs »
Cette simple confrontation à un groupe supposé plus performant a suffi à mettre en lumière le concept d’impuissance apprise, qui peut néanmoins avoir plusieurs vecteurs. Dans une société où l’échec est synonyme de faiblesse et la comparaison comme une échelle sociale de valeur et de mesure, les fondements des méthodes d’instruction dispensées dans nos écoles peuvent largement contribuer à nourrir ce profond sentiment d’impuissance. Selon Martin Seligman : « Ces expériences traumatiques bloquent toute motivation à trouver une solution et l’empêchent de chercher de nouvelles façons de faire pour l’éviter à l’avenir. »
Afin d’enrayer ce mécanisme invisible qui bride nos capacités cérébrales, il convient d’abord de changer notre rapport à l’échec, qui ne doit plus être considéré comme une fin à éviter par tous les moyens, mais plutôt le berceau de la progression, comme le soulignait Churchill en affirmant que « le succès est l’aboutissement d’une succession d’échecs ». Ne pas échouer, c’est aussi ne pas apprendre, et c’est uniquement en valorisant les essais, les efforts et la persévérance, que vous parviendrez à évoluer et à vous libérer petit à petit des griffes de l’impuissance apprise.
Par Yann Contegat, le
Source: Medium
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