Depuis 2016, Juno nous offre des images spectaculaires de la géante gazeuse Jupiter, mais il ne s’agit pas du corps céleste dans son viseur. La sonde de la NASA nous a récemment offert un aperçu impressionnant de l’une des principales lunes du système jovien : Europe.
Survol rapproché
Étudiée depuis longtemps par les scientifiques, Europe constitue une candidate de choix pour la recherche de formes de vie au-delà de notre planète. Au fil des années, des preuves de la présence d’eau liquide ont commencé à s’accumuler, renforçant l’idée que le satellite naturel de Jupiter abrite un océan souterrain sous sa coquille glacée.
Cette masse d’eau salée est considérée comme l’un des endroits du Système solaire les plus susceptibles d’abriter la vie, et grâce à sa panoplie d’imageurs et d’instruments avancés, la sonde Juno pourrait bien nous aider à percer ses secrets. Fin septembre, l’engin spatial s’est approchée à 352 km seulement de la surface de la lune, ce qui ne s’était plus produit depuis le passage de la sonde Galileo en 2000.
Ce faisant, Juno a capturé des images du satellite naturel jovien avec une résolution d’environ 1 kilomètre par pixel, parmi les plus élevées à ce jour, et collecté de nouvelles données sur son enveloppe glacée et sa structure souterraine. Pris à environ 1 500 kilomètres de sa surface glacée, le premier cliché réalisé durant la phase d’approche de Juno nous est récemment parvenu.
« Il est encore très tôt dans le processus, mais tout indique que le survol d’Europe par Juno s’est révélé fructueux », estime Scott Bolton, chercheur principal de Juno au Southwest Research Institute de San Antonio. « Cette première image ne constitue qu’un aperçu des nouvelles données scientifiques remarquables que les instruments et capteurs de Juno ont amassées pendant son survol de la croûte glacée de cette lune. »
Des données précieuses
Visible plus bas, l’image en gros plan des rainures et crêtes à la surface du satellite naturel de Jupiter présente une résolution de 256 à 340 mètres par pixel. Prise à une distance d’environ 412 km, alors que Juno le survolait à une vitesse d’environ 24 kilomètres par seconde, celle-ci montre une section d’Europe de 150 km sur 200 km, de nuit, mais éclairée par la « lumière de Jupiter », c’est-à-dire la lumière du Soleil reflétée par les nuages de la géante gazeuse.
Des scientifiques citoyens sont déjà à pied d’œuvre pour traiter les clichés bruts d’Europe, procédant notamment à l’application de différentes couleurs afin de mettre en évidence les caractéristiques de la lune jovienne (image visible plus haut et en toute fin d’article).
Si les précieuses données et images obtenues dans le cadre de la mission Juno permettront aux chercheurs d’approfondir leurs connaissances d’Europe, tout devrait s’accélérer avec la mission Clipper, dont le lancement est fixé à 2024. Supervisée par la NASA, celle-ci visera notamment à déterminer une bonne fois pour toutes si la lune rassemble l’ensemble des conditions propices à la vie.