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Ils capturent le CO2 des océans et le transforment en plastique vert : une invention qui pourrait sauver la planète

Une technologie inspirée du vivant pour dépolluer les mers et produire du plastique biodégradable : une avancée doublement vertueuse.

Système industriel flottant capturant le CO₂ dans l’eau de mer et le transformant en plastique biodégradable à partir d’algues.
Une installation flottante expérimentale capte le CO₂ dissous dans l’océan pour le convertir en plastique vert grâce à la biotechnologie – Dailygeekshow.com

Et si le futur du plastique se trouvait au fond des mers ? En capturant le CO₂ dissous dans les océans, des scientifiques transforment un problème climatique en solution durable. Une méthode prometteuse, entre biotechnologie et chimie verte, qui pourrait bien changer la donne.

Pourquoi le CO₂ dissous dans les océans est un problème urgent

On l’oublie trop souvent, mais les océans sont nos plus grands puits de carbone. Ils absorbent près de 30 % du CO₂ émis par les activités humaines. Résultat ? Une acidification progressive de l’eau de mer, qui perturbe la vie marine, affaiblit les coquilles des mollusques, et menace la chaîne alimentaire océanique dans son ensemble.

Et ce n’est pas anecdotique : les océans contiennent aujourd’hui 150 fois plus de CO₂ que l’atmosphère. Autrement dit, si l’on veut vraiment agir pour le climat et la biodiversité, il va falloir s’attaquer à cette réserve invisible mais critique. Ce CO₂ dissous est plus difficile à capter que dans l’air, mais aussi potentiellement plus stable à long terme une fois retiré.

Une solution électrochimique pour capturer le carbone marin

C’est là qu’intervient la capture directe des océans (DOC). Contrairement aux systèmes de capture atmosphérique, la DOC extrait le CO₂ directement de l’eau de mer. Comment ? Par des réactions électrochimiques fines, qui libèrent un gaz pur à partir du carbone dissous. Ce processus innovant transforme l’eau elle-même en ressource de décarbonation.

Le hic ? Jusqu’ici, la technologie était coûteuse et énergivore : il fallait dépenser plus de 350 € pour chaque tonne de CO₂ extraite. Mais une équipe de chercheurs chinois semble avoir changé la donne. Leur méthode, testée en laboratoire, affiche une efficacité de 70 % pour seulement 3 kWh par kg de CO₂. Et surtout, le coût chute à environ 230 € par tonne.

Des bactéries marines transformées en mini-usines à plastique vert

Mais ce n’est pas tout. Le CO₂ capturé n’est pas simplement stocké ou relâché ailleurs. Il est valorisé. Les chercheurs utilisent une astuce brillante : transformer ce gaz en acide formique, grâce à un catalyseur au bismuth. Ce composé devient alors une source d’énergie pour des organismes vivants.

Cet acide devient ensuite la nourriture préférée de bactéries marines modifiées, comme Vibrio natriegens. Et ces microbes ne sont pas là pour rigoler : ils produisent de l’acide succinique, une molécule-clé pour fabriquer des plastiques biodégradables comme le polybutylène succinate (PBS). Une vraie petite révolution biochimique, silencieuse mais puissante.

Une technologie prometteuse, mais encore en chantier

Bien sûr, tout n’est pas encore réglé. Il faut améliorer les rendements, rendre le système plus stable, et surtout l’intégrer dans des chaînes industrielles existantes. Mais les pistes sont nombreuses : on pourrait produire, à partir du même principe, des carburants neutres en carbone, des principes actifs pour l’industrie pharmaceutique, voire des suppléments alimentaires.

La course est lancée. Des entreprises comme Brineworks aux Pays-Bas planchent sur une alternative par électrolyse, visant un coût de 200 € par tonne d’ici 2030. La compétition stimule l’innovation, et c’est tant mieux. La vraie question reste : comment ces technologies s’intégreront dans les stratégies climatiques globales ?

Quoi qu’il en soit, cette méthode chinoise fait souffler un vent d’espoir. Oui, il est possible de puiser dans le CO₂ pour créer de la valeur, et pas seulement pour compenser notre culpabilité écologique.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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