
De récentes analyses génétiques ont révélé que les populations d’iguanes de l’île mexicaine de Clarion y étaient présentes depuis (très) longtemps, avec des implications majeures pour leur conservation.
Une espèce distincte
Seconde plus grande île de l’archipel volcanique de Revillagigedo, au large de la côte ouest du Mexique, Clarion s’est formée il y a environ 5 millions d’années. Occupée par l’Homme à partir du XVIe siècle, elle a connu des bouleversements écologiques profonds, en grande partie liés à l’arrivée d’espèces non endémiques (moutons, porcs, lapins…).
Si Clarion est connue pour abriter de nombreux oiseaux et reptiles, jusqu’à présent, on pensait que la présence des iguanes à queue épineuse était également une conséquence de sa colonisation, ce qui avait poussé le gouvernement mexicain à placer ces reptiles sur la liste des espèces invasives à éradiquer au début des années 2000.
Une série d’analyses ADN a révélé qu’ils appartenaient à une espèce distincte (Ctenosaura brachylopha), et avaient divergé de leurs parents continentaux (Ctenosaura pectinata) il y a plus de 425 000 ans, soit plusieurs centaines de milliers d’années avant l’arrivée de nos ancêtres sur le continent américain.

Dispersion naturelle
Publiée dans la revue Ecology and Evolution, la nouvelle étude suggère que les iguanes à queue épineuse sont arrivés à Clarion en voyageant sur des amas de végétation, ou « radeaux naturels », comme les autres espèces de serpents et de lézards de l’archipel de Revillagigedo.
« Le fait que ces reptiles soient arrivés par dispersion naturelle plutôt qu’introduits accidentellement par les humains a des implications importantes pour leur conservation », écrivent les chercheurs. « Il ne s’agit pas de créatures invasives mais de représentants de sa biodiversité endémique. »
La végétation dense de Clarion a probablement permis à ces reptiles d’échapper à la détection lors des expéditions scientifiques menées entre la fin du XIXe siècle et le milieu du XXe. Son défrichement par des troupeaux de moutons à partir des années 1970 aurait rendu C. brachylopha plus visible.
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