Selon une étude réalisée par l’université de Hong Kong et publiée dans The Lancet, il existerait une forte corrélation entre les troubles sociaux à Hong Kong et la dégradation de la santé mentale des Hongkongais, apparemment fortement affectée par la mobilisation pro-démocratie et les dissensions qu’elle engendre.
La pire crise politique depuis 1997
« Au moment où les troubles sociaux augmentent un peu partout dans le monde, et notamment dans de grandes villes comme Barcelone, Delhi, Paris ou Santiago en 2019, la question de l’impact des troubles sociaux sur la santé mentale des populations est devenue un très grand enjeu de santé publique », estime l’un des directeurs de l’étude, Michael Ni, de l’université de Hong Kong. En effet, depuis juin 2019, Hong Kong fait face à sa pire crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997. Les protestations des habitants de Hong Kong, qui demandent des réformes démocratiques ou qui critiquent l’influence de la Chine dans les affaires de la région d’Hong Kong, dégénèrent malheureusement souvent en violences.
L’étude la plus importante jamais réalisée sur le sujet
L’étude dont nous vous parlons aujourd’hui est la plus importante jamais réalisée sur l’impact des troubles sociaux sur la santé mentale. Elle prouve une augmentation de la part de la population souffrant de troubles de stress post-traumatique (PTSD) et de dépression depuis le début du mouvement pro-démocratie, et révèle une présence des symptômes de PTSD au sein de la population six fois plus élevée que celle qui avait été observée à la suite du précédent mouvement social le plus important, le “mouvement des parapluies” de 2014.
Cette étude est basée sur l’analyse des réponses de 18 000 personnes, qui ont été questionnées à plusieurs reprises entre 2009 et 2019. L’université de Hong Kong a révélé que près du tiers des adultes hongkongais qui ont participé à l’étude ont présenté des signes de troubles de stress post-traumatique depuis juin, date de début de la mobilisation pro-démocratie. En mars 2015, quelques mois après le “mouvement des parapluies”, 5 % des adultes présentaient des symptômes de PTSD, contre près de 32 % des personnes observées entre septembre et novembre 2019.
La proportion d’adultes ayant présenté des symptômes de dépression suite aux troubles sociaux est similaire à celle que l’on peut constater lors d’une catastrophe naturelle, lors de conflits armés ou à la suite d’attentats. Cette proportion est de l’ordre de 11 %, alors qu’elle n’était que de 2 % avant le “mouvement des parapluies”. Les chercheurs ont en outre fait une découverte intéressante : la consultation régulière des réseaux sociaux dans le but de suivre l’actualité politique concourrait au risque de dépression ou de PTSD.
Un manque de moyens à Hong Kong
Le problème est que « Hong Kong n’a pas les ressources pour traiter cette hausse de problèmes psychologiques », selon une déclaration du professeur Gabriel Leung, doyen de la faculté de médecine à l’université de Hong Kong, qui a co-dirigé cette étude. En outre, l’étude ne serait pas vraiment complète puisque aucun jeune de moins de 18 ans n’est compris dans l’échantillon, eux qui forment pourtant une grande partie de la population de Hong Kong et qui ont sans aucun doute subi un choc important du fait de ces troubles sociaux. D’autant plus qu’à la date du 4 décembre 2019, 15 % des personnes arrêtées lors des manifestations avaient moins de 18 ans, selon les autorités.
Toutefois, il convient d’être prudent : les directeurs de l’étude n’ont pas établi de lien de cause à effet direct entre les troubles sociaux et les problèmes de santé mentale des Hongkongais. Ils ont simplement observé que les symptômes de dépression ainsi que les signes de PTSD étaient observables chez un plus grand nombre de personnes après les troubles sociaux.
Par Jeanne Gosselin, le
Source: Le Monde
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