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L’histoire du métissage entre Homo sapiens et les hommes de Néandertal dévoilée

Le puzzle se reconstitue peu à peu

homo-sapiens
— Gorodenkoff / Shutterstock.com

Au cours de leur grande aventure hors d’Afrique, nos ancêtres Homo sapiens ont croisé une autre espèce humaine, les Néandertaliens, qui les avaient précédés dans ces territoires inexplorés. Cette rencontre a donné lieu à des unions dont les traces sont encore visibles dans l’ADN humain moderne. Une récente étude génétique, menée par Arev Sümer et une équipe internationale de l’Institut Max-Planck, révèle que les premiers Homo sapiens et les Néandertaliens se sont mélangés il y a environ 45 000 à 49 000 ans. Ces résultats, basés sur des analyses des restes humains découverts à Ranis en Allemagne et à Zlatý kůň en République tchèque, affinent les précédentes estimations et suggèrent que ces interactions ont eu lieu à plusieurs reprises. Les résultats sont publiés dans les revues Nature et Science.

L’héritage néandertalien dans notre ADN

Aujourd’hui, la quasi-totalité des populations humaines non africaines portent des traces d’ADN néandertalien, preuve de ces unions anciennes. Les chercheurs estiment que l’échange génétique a eu lieu environ 80 générations avant les individus étudiés. Cela indique que ces croisements ont été plus complexes et fréquents qu’on ne le pensait.

Selon les chercheurs, les individus de Zlatý kůň et de Ranis représentaient une population humaine précoce qui s’est rapidement séparée de la lignée menant aux autres non-Africains. Cependant, ces populations n’ont laissé aucun descendant direct parmi les humains actuels. L’ADN néandertalien identifié dans ces restes pourrait provenir d’un événement distinct de celui ayant introduit les gènes néandertaliens dans la plupart des populations modernes.

Des liens familiaux et culturels entre les premiers migrants

L’équipe a examiné les génomes de six individus découverts à Ranis, datant d’environ 45 000 ans. Bien que leur ADN mitochondrial ait confirmé leur appartenance à l’espèce Homo sapiens, les chercheurs n’avaient pas encore assez d’informations pour établir les liens précis entre ces individus et d’autres groupes humains de la région. 

« À notre grande surprise, nous avons découvert une relation génétique lointaine entre les individus de Zlatý kůň et deux individus de Ranis », indique Arev Sümer. « Cela suggère que Zlatý kůň faisait partie de la famille élargie de Ranis et utilisait probablement des outils similaires. »

L’équipe a pu extraire de l’ADN ancien de haute qualité de l’un des 13 individus trouvés à Ranis et de l’individu de Zlatý kůň. Les résultats ont montré que ces populations portaient des gènes associés à la peau, aux cheveux et aux yeux foncés, comme on pourrait l’attendre de migrants récents venus d’Afrique. D’après les gènes partagés entre les deux groupes, il est probable que ces premiers humains modernes étaient une petite population de quelques centaines d’individus.

Une période prolongée de métissages

« Ces résultats nous aident à mieux comprendre les premiers pionniers qui se sont installés en Europe », déclare Johannes Krause, biochimiste à l’Institut Max-Planck. « Ils montrent aussi que tout reste humain moderne trouvé en dehors de l’Afrique et datant de plus de 50 000 ans n’a pas fait partie de la population non africaine qui s’est croisée avec les Néandertaliens et qui existe encore aujourd’hui dans de nombreuses régions du monde. »

Un autre article a étudié 300 génomes humains datant des 50 000 dernières années. Les résultats montrent que la majorité des gènes néandertaliens présents chez les humains modernes ont été intégrés sur une période prolongée, entre 50 500 et 43 500 ans. Cela suggère que plusieurs vagues de croisements ont eu lieu, impliquant différentes populations de Néandertaliens et d’Homo sapiens.

Cette analyse, menée par Leonardo Iasi et ses collègues, a comparé 59 génomes anciens avec 275 génomes modernes provenant de populations diversifiées. Ils ont découvert que la sélection naturelle avait rapidement modifié les gènes néandertaliens dans nos génomes, ce qui a abouti à la configuration génétique que beaucoup d’entre nous partagent encore aujourd’hui. Par ailleurs, les Néandertaliens ont été les premiers humains à modifier artificiellement leur environnement.

Par Eric Rafidiarimanana, le

Source: Science Alert

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