
Qualifié de « Hobbit » en raison de sa taille réduite, Homo floresiensis a disparu il y a environ 60 000 ans de l’île indonésienne de Florès. Une nouvelle étude appuie l’hypothèse d’un effet domino déclenché par des profonds bouleversements climatiques.
Des conditions nettement plus sèches
Au cours des dernières décennies, les fouilles de la grotte de Liang Bua, seul site connu à abriter les restes de H. floresiensis, ont conduit à la découverte d’ossements de différents animaux. Ceux-ci suggèrent que notre minuscule cousin (dépassant à peine le mètre) se nourrissait essentiellement d’éléphants pygmées appelés stégodons.
Supposant qu’un effondrement de leurs populations ait entraîné la chute des Hobbits, Mike Gagan et ses collègues ont examiné les rapports calcium/magnésium et les concentrations isotopiques d’oxygène de stalagmites provenant de grottes voisines. Une telle approche leur a permis de retracer l’évolution des niveaux de précipitations à l’époque où H. floresiensis évoluait à Florès.
« Sa disparition de la région a coïncidé avec des conditions nettement plus sèches », écrivent les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Communications Earth & Environment. « Les précipitations estivales étaient 50 % plus faibles qu’aujourd’hui, avec un assèchement saisonnier des cours d’eau exerçant une pression écologique sur les Hobbits et leurs proies. »
La phase la plus extrême de cette aridification s’est produite il y a entre 76 000 et 61 000 ans, avec des précipitations annuelles passées de 1 560 à 990 millimètres seulement.

Un manque de proies et une possible concurrence avec H. sapiens
Les analyses isotopiques de dents de stégodons, datées de 76 000 à 62 000 ans, ont de leur côté indiqué que ces petits herbivores dépendaient de la rivière Wae Racang voisine pour s’abreuver. Les quantités réduites de restes d’éléphantidés à la fin de cette période suggèrent que lorsqu’elle s’est asséchée, leur nombre a rapidement décliné, contraignant H. floresiensis à abandonner la région de Liang Bua.
Bien que l’on ignore précisément quand les derniers Hobbits se sont éteints, les preuves fossiles indiquent que notre espèce traversait à cette époque l’Indonésie pour se rendre en Océanie.
« Il est possible que ces petits hominidés, en quête d’eau et de proies, aient croisé la route d’H. sapiens ailleurs sur l’île », estime Gagan. Si le changement climatique semble bel et bien à l’origine de la chute d’H. floresiensis, une rude concurrence interespèces pour les ressources déjà réduites de Florès n’aurait probablement pas arrangé les choses.
Plus tôt cette année, des travaux avaient suggéré une trajectoire similaire.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
Étiquettes: changement climatique, hobbit, hominidé
Catégories: Actualités, Histoire