Au moment de l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, l’industrie du film américain est en pleine stagnation. C’est suite à l’entrée des États-Unis dans le conflit de la Seconde Guerre mondiale que de nombreux genres émergent et gagnent leurs premières lettres de noblesse. Les avancées technologiques dans l’enregistrement et le traitement de l’image et du son permettent alors à des idées novatrices de se concrétiser sur le grand écran.
Inévitablement, le contexte de la Seconde Guerre mondiale donne avant tout naissance à des films sur le conflit. Alors que les hommes sont au front, les civils désertent peu à peu les théâtres pour comprendre, même de loin, à quoi est confrontée l’armée. Avant Pearl Harbor, la demande n’est pas grande et l’on remarque peu de films si ce n’est Correspondant 17 d’Alfred Hitchcock qui, à peine arrivé en Amérique depuis l’Angleterre, ne manque pas de critiquer la politique d’isolation des États-Unis tout en soulignant le danger de l’expansion du nazisme en Europe.
Après cela, on peut saluer la variété des films qui baignent une fois dans le patriotisme, puis dans le réalisme, la douleur et la critique du conflit. Tous les théâtres d’opérations passent sur le grand écran, du Pacifique avec Journal de Guadalcanal jusqu’en Afrique avec Sahara en finissant par l’Europe avec Les Forçats de la gloire de William Wellman. Mais le roi de tous les films de la guerre, c’est Casablanca de Michael Curtiz sorti en 1942. On y découvre l’histoire romantique de Rick Blaine, le propriétaire d’un night-club à Casablanca côtoyé par des hauts gradés français et nazis.
Ilsa Lund, son ancien amour, refait surface dans sa vie après leur séparation forcée à Paris à cause de la Seconde Guerre mondiale. Elle est maintenant avec son mari, un résistant tchèque et Rick va devoir faire un choix entre son amour pour Ilsa et ce qui est juste de faire pour l’avenir du monde. Le succès du film ne s’arrête pas à l’après-guerre puisqu’il est encore aujourd’hui considéré comme le deuxième plus grand film de l’histoire par beaucoup d’amateurs. Deuxième, car la première place revient encore et toujours à un film sorti justement quelques mois avant Pearl Harbor et n’ayant par conséquent rien à voir avec la guerre : Citizen Kane de Orson Welles.
Un chef-d’oeuvre d’innovation cinématographique qui utilise des flashbacks pour tisser une structure narrative captivante. L’utilisation d’une longue profondeur de champ dans les passages du passé, les contre-plongées dans les moments intenses et les effets spéciaux ponctuant le film en font une expérience inoubliable pour toute une génération. Tous les grands cinéastes contemporains ont grandi avec l’excellence de Citizen Kane en tête. Ces derniers ont également grandi en plein avènement d’un nouveau genre, le film noir. Véritable reflet des inquiétudes du peuple américain face au conflit, ces films sont marqués par une atmosphère sombre et pessimiste.
On y retrouve les fameux archétypes du détective à long manteau et chapeau popularisé par Philip Marlowe ainsi que celui de la femme fatale en qui il ne faut jamais placer sa confiance. L’exemple le plus mémorable reste sans aucun doute Le Faucon maltais, aussi de 1941 et réalisé par John Huston. Humphrey Bogart (que l’on retrouve dans le rôle principal de Casablanca) y joue Sam Spade dans le rôle qui changea sa carrière à tout jamais, un détective qui va se retrouver suspecté du meurtre de son propre associé ainsi que de celui de la personne sur laquelle ils enquêtaient. Le film noir a ensuite explosé et est devenu l’un des mouvements les plus influents de l’histoire du cinéma.
A l’opposé de cela, on trouve la magie et les contes intemporels. L’âge d’or de Disney débute avec Pinocchio en 1940, qui devient l’un des personnages les plus reconnaissables de la décennie. Avec plus d’ambition, le studio signe la même année Fantasia dans un style plus expérimental en mélangeant musique classique et animations novatrices.
Le touchant Dumbo fait son apparition l’année suivante, mais la consécration de Walt Disney n’arrive qu’en 1942 avec Bambi, adapté d’un livre du même nom par Felix Salten. Un sommet d’émotion et de beauté, connu pour sa scène terrible où la mère de Bambi est tuée hors écran alors que le spectateur n’entend que le bruit du fusil. Plus de soixante-dix ans après, le film fait toujours pleurer petits et grands.
Que ce soit dans l’animation, les grands classiques ou la création de nouveaux genres, l’industrie du cinéma connaît un tournant sans précédent lors de la Seconde Guerre mondiale. Alors que la télévision entre dans les premiers foyers dans les années à venir, Hollywood se force à produire des films de qualité afin de convaincre les foules de venir remplir les salles de cinéma. La quantité diminue, mais la qualité s’améliore, pour le plaisir des générations d’hier comme d’aujourd’hui. Quel grand film des années 40 a selon vous le plus influencé les oeuvres contemporaines ?
Par Florent, le
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