La magie des films d’Hollywood se transmet à travers leurs cascades de folie. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. En effet, la première cascadeuse professionnelle a été rendue célèbre dans les années 1910. Elle s’appelait Helen Gibson. Ses sauts en avion et en train lui ont valu son surnom d’« actrice la plus audacieuse en images ». Notre héroïne a su démontrer une autre facette de la femme : intrépide et aventureuse. Voici sa réplique : « Je me mets certainement en colère quand j’entends quelqu’un dire : ‘Je parie qu’elle n’a pas fait ça elle-même’. »
Une carrière pas comme les autres
Gibson devait se tenir debout en survolant deux chevaux de course grâce à une corde qui était suspendue à un pont. Elle utilisera également cette corde pour sauter sur le moteur d’un train en marche. En atterrissant sur le train, notre héroïne a capturé des bandits de chemin de fer. Voilà à quoi ressemblent les scènes de cascade de cette femme d’action. Des fois, il arrive qu’elle concocte elle-même ses scénarios.
En 1916, les femmes n’étaient pas encore en droit de voter ni de conduire aux États-Unis. De plus, les acteurs étaient peu considérés. En outre, la santé au travail n’était pas la priorité à cause du manque de réglementation de l’administration de la sécurité. Alors, il était probable que Gibson soit remplacée après un accident quelconque. Au tournage, elle appelait cela des « éraflures ». Malgré tout, elle a effectué ses cascades. La femme d’action n’a pas tenu rigueur des conséquences et s’est violemment heurtée contre la cabine du moteur lorsqu’elle est tombée. En n’en faisant qu’à sa tête, la cascadeuse a décidé d’ignorer sa blessure. Elle l’a fait, en dépit des avertissements de son médecin. Voici sa réplique : « La vie est juste encombrée de périls. » C’est justement ce qui a fait d’elle la candidate idéale pour devenir la première cascadeuse d’Hollywood.
Un destin exceptionnel
Helen Gibson est née en 1892 sous son vrai nom Rose Wenger. En grandissant, elle a commencé à travailler dans une fabrique de cigares à Cleveland. En 1909, Gibson alla voir un spectacle du Far West qui longeait la ville. A partir de là, son intérêt pour les chevaux et le rodéo a grandi. Cela nourrissait son envie de vouloir le pratiquer coûte que coûte. Son premier pas dans le showbiz a commencé avec un Wild West Show pour le Miller Brothers 101 Ranch en 1910. Son numéro consistait à rattraper un mouchoir sur un cheval au galop. Lors de la saison du rodéo en 1913, elle rencontra Edmund « Hoot » Gibson, son futur partenaire et mari. Après cela, ils retournèrent à Los Angeles où Gibson joua le double d’Helen Holmes, une grande figure d’Hollywood, dans la série populaire The Hazards of Helen.
Holmes était une actrice accomplie. En effet, ses talents s’exprimaient à la fois dans la romance et dans les films d’action-aventure. Néanmoins, les cascades les plus dangereuses étaient confiées à Gibson. Mais en 1915, Holmes et son mari durent quitter la série pour ouvrir leur propre maison de production. Sa cascadeuse reprit automatiquement son rôle et devint la vedette de la série. Les responsables du studio durent demander à Gibson de changer son nom rose pour celui d’Helen. Aux côtés de son mari, Helen Gibson est devenue l’idole de toute une génération de cinéphiles dans les magazines des fans. Elle était « l’actrice la plus audacieuse en images ». Ses performances en tant que cascadeuse dans The Hazards of Helen n’ont cessé d’accroître. Dans certains épisodes, cette actrice casse-cou faisait des prouesses comme sauter du haut d’un pont sur un train en marche ou bien chevaucher une moto en marche sur une voiture en feu. La série prit fin en 1917 avec 119 épisodes.
Entre 1917 et 1919, Gibson enchaîna les rôles dans des westerns, des mélodrames et d’autres séries. La nouvelle société de production de Gibson verra le jour ensuite avec la sortie de son premier film No Man’s Woman. Mais une autre société dut reprendre le film et lui donna un nouveau titre : Nine Points of the Law. Le temps fut difficile pour l’industrie, surtout pour les rôles destinés aux femmes. Ainsi, en 1920, quand la carrière de Gibson est rétrogradée, celle de son mari atteint les sommets. Celui-ci finit par se séparer d’elle. En parallèle, la carrière de cascadeur est devenue exceptionnellement masculine. Alors, en 1924, Gibson décida de revenir à ses premiers amours : cavalière en chevauchant avec les Ringling Bros. durant trois ans. Elle revint plus tard à Hollywood. Sa dernière prestation de cascadeuse fut en 1962 avant de mourir à l’âge de 85 ans.