Augmentation des agressions, féminicides, machisme quotidien, harcèlement, maltraitance et intimidation : voilà les cibles du gouvernement Argentin. Dans l’optique d’améliorer la situation des femmes, le parlement du district fédéral de la ville de Buenos Aires a voté une loi pénalisant, entre autres, le harcèlement de rue.
Buenos Aires, capitale de l’Argentine, veut faire changer les choses : pour lutter contre le harcèlement dont sont quotidiennement victimes les femmes, le parlement du district a travaillé à l’élaboration d’une loi ciblant les citoyens qui « harcèlent, maltraitent ou intimident ». Un sujet d’importance puisque les chiffres concernant le harcèlement et les attouchements sont ahurissants pour l’un des pays les plus avancés d’Amérique latine : d’après une étude réalisée dans 10 provinces argentines et présentée au Parlement par Raquel Vivanco (coordinatrice nationale de l’ONG Les Femmes de la matrie latino-américaine), « 100 % des femmes interrogées ont souffert, dans leur vie, d’un type de harcèlement de rue, 50 % ont souffert de commentaires sexuels explicites et 47 % ont été suivies par un homme sur la voie publique »
En novembre, une manifestation a regroupé des dizaines de milliers de personnes à l’occasion de la Journée mondiale contre la violence faite au femmes. Le collectif « Ni Una Menos » (Pas une de moins) avait appelé les citoyens du pays à défiler dans les rues jusqu’au palais présidentiel pour éveiller les conscience et dénoncer les violences conjugales, les attouchements, et le harcèlement de rue ainsi que l’absence de la Justice dans le traitement des plaintes des victimes.
Les choses sont donc emmenées à changer puisque la loi mise en place à Bueno Aires rend passible d’une amende d’environ 60 euros (1000 pesos) et de 10 jours de travail communautaire l’atteinte à « la dignité, la liberté, la libre circulation et le droit à l’intégrité physique ou morale des personnes, en fonction du genre, de l’identité et/ou de l’orientation sexuelle”. Selon le document voté par les parlementaires, le texte adopté mercredi 14 décembre vise aussi bien les auteurs de « commentaires à connotation sexuelle, ciblant directement ou indirectement le corps; de photographies ou enregistrements vidéo non consentis des parties intimes; de contacts physiques indécents ou non consentis » que les personnes qui « suivront quelqu’un dans la rue ou s’adonneront à la masturbation et à l’exhibitionnisme »
Pour beaucoup, le travail du district fédéral est à saluer mais nombreux sont celles et ceux qui restent sceptiques face à la nouvelle loi : le machisme est enraciné dans la culture de pays et la voie punitive ne semble pas promettre, à court terme, de réelles améliorations. En 2014, le président du centre droit Mauricio Macri, avait choqué de nombreux citoyens en minimisant le problème : pour lui « toutes les femmes aiment les piropos » (flatteries de rue). Ses propos dénotaient une réelle indifférence des hautes sphères pour l’affaire et le citoyen lambda, bien que concerné, ne semble pas avoir de voie de sortie : nombreux sont les témoignages de femmes indiquant l’inaction ou désintérêt de la police pour le sujet qui, lorsqu’elle est confrontée à une victime de harcèlement ou de violences, ignore le problème et refuse les plaintes.
Le harcèlement de rue et les violences sont un réel problème de société et rappelons que, depuis le début de l’année, 230 femmes sont mortes dans le pays sous les coups de leurs maris et on estime qu’une femme y meurt de la sorte toutes les 30 heures. Le féminicide (meurtre d’une femme motivé par le fait qu’elle est une femme) est aussi un vrai drame argentin et pour un tel acte, la peine encourue dans le pays est la prison à la perpétuité. La récente loi tend à inverser la tangente et à éviter de telles escalades dans les sévices : s’il ne s’agit que d’un début, elle peut être considérée comme un premier pas vers la disparition totale de violences faites aux femmes.
Par JJJ, le
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