Si vous aimez prendre un verre de temps en temps, mais que vous ne recherchez pas spécialement l’ivresse, un nouveau gel comestible, empêchant l’alcool de pénétrer dans la circulation sanguine et d’endommager le foie, pourrait bien être le « Saint Graal ».
Gel « anti-alcool »
Normalement, l’alcool pénètre dans le sang par les muqueuses qui tapissent l’intérieur de l’estomac et des intestins. Il se dirige ensuite vers le foie, où il est métabolisé d’abord en un composé chimique toxique appelé acétaldéhyde, puis en acide acétique relativement inoffensif pour notre organisme.
Cette seconde conversion n’étant pas instantanée, et dépendant de la quantité de liquide bue, l’acétaldéhyde peut causer d’importants dommages au foie, et à d’autres parties du corps durant ce laps de temps. C’est précisément ici que le nouveau gel expérimental, mis au point par des chercheurs de l’ETH Zurich, entre en jeu.
Constitué de glucose, de nanoparticules d’or et de nanofibres dérivées de protéines de lactosérum recouvertes d’atomes de fer, il peut être ingéré avant, pendant ou peu après la consommation d’alcool. La condition sine qua non étant qu’il soit présent dans le tractus intestinal lorsque l’alcool s’y trouve encore.
Dans un premier temps, la réaction entre le glucose et les particules d’or produit du peroxyde d’hydrogène, qui va déclencher une série de réactions enzymatiques (stimulées par les atomes de fer) qui transforment directement l’alcool présent en acide acétique, avant qu’il n’ait la possibilité d’atteindre la circulation sanguine.
Des résultats étonnants
Lors de tests en laboratoire, le gel a été administré à titre prophylactique à des souris ayant reçu une dose unique d’alcool. Dans les 30 minutes qui ont suivi, le taux d’alcoolémie des rongeurs a chuté de 40 % par rapport aux spécimens témoins. Au bout de cinq heures, ce chiffre était passé à 56 %.
Il a également été constaté que les souris traitées présentaient des niveaux moindres d’acétaldéhyde dans leur organisme et que leur foie était beaucoup moins stressé. Des essais chez l’Homme sont en cours de planification.
« Il est évidemment plus sain de ne pas boire d’alcool du tout », souligne Raffaele Mezzenga, auteur principal de la nouvelle étude, publiée dans la revue Nature Nanotechnology. « Toutefois, le gel pourrait être particulièrement intéressant pour les personnes qui ne veulent pas renoncer complètement à l’alcool, mais qui ne souhaitent pas mettre leur corps à rude épreuve et qui ne recherchent pas activement ses effets. »