Au fil de l’histoire, nombreux sont les exemples de guerriers qui ont enduré les pires supplices sur le champ de bataille, et ont continué à se battre. Voici l’incroyable histoire de Galvarino, le guerrier mapuche mutilé qui a terrorisé les conquistadors espagnols.
CONQUISTADORS CONTRE MAPUCHES
Au XVIe siècle, la guerre d’Arauco voit s’opposer les colons espagnols et le peuple mapuche dans la région d’Araucanie au Chili. Lors de la bataille de Lagunillas en 1557, une armée de conquistadors met en déroute plusieurs milliers d’Indiens mapuches.
Les Espagnols capturent 150 prisonniers et les conduisent jusqu’à leur campement. Parmi eux, on retrouve un jeune chef indien nommé Galvarino.
Après un procès expéditif et sans doute impartial, le gouverneur espagnol, Garcia Hurtado de Mendoza, ordonne à ses troupes de trancher la main droite et le nez de chaque guerrier mapuche. Leurs chefs auront quant à eux les deux mains coupées.
Il s’agit d’un message clair à destination des Mapuches : « Rendez-vous sans résistance, ou vous connaitrez le même sort. »
Selon la légende mapuche, lorsque la main gauche de Galvarino est tranchée, celui-ci offre courageusement la droite, et regarde la hache s’abattre sans sourciller. Il demande ensuite aux Espagnols de lui ôter la vie, mais ces derniers refusent.
Galvarino et ses hommes sont finalement libérés, et les Espagnols leur ordonnent de faire savoir au général mapuche Caupolican qu’il n’a d’autre choix que de se rendre s’il souhaite éviter de nouvelles effusions de sang.
SI LE CHEF MAPUCHE CAUPOLICAN REFUSE DE SE RENDRE, LES ESPAGNOLS EMPLOIERONT LA FORCE
Au lieu de cela, Galvarino exhorte Caupolican et son peuple à continuer à combattre les colons espagnols.
Comme le décrit Pedro Marino de Lobeira dans sa Chronique du Royaume du Chili en 1558, Galvarino fait face à son peuple, lève ses bras amputés en l’air, et lui fait savoir qu’il connaitra le même sort s’il abandonne le combat.
« Mes frères, pourquoi avez-vous arrêté de combattre ces chrétiens ? Le mal qu’ils nous ont fait depuis qu’ils sont entrés dans notre royaume et les souffrances qu’ils m’ont infligées ne cesseront pas avant que nous ayons détruit ces personnes nuisibles. »
La détermination sans faille et le désir de vengeance qui animent Galvarino finissent par convaincre Caupolican. Le général mapuche organise la riposte de son peuple, et promeut Galvarino au rang de commandant.
Privé de ses mains, Galvarino va entrer dans la légende en fixant des lames de couteaux à l’extrémité de ses avant-bras amputés. Comme le souligne l’historienne Leslie Ray, « cet acte témoigne des techniques de cautérisation extrêmement efficaces employées par les Indiens mapuches ».
Le 30 novembre 1557, soit moins d’un mois après sa capture, Galvarino se retrouve en première ligne à la bataille de Millarapue.
Le plan des Mapuches consiste à mener une attaque surprise sur le campement espagnol et à submerger les hommes de Mendoza avant qu’ils n’aient le temps de diriger leurs canons sur les guerriers et d’utiliser leurs chevaux.
Bien que l’assaut initial soit un succès, les troupes de Mendoza parviennent à ouvrir une brèche dans les rangs mapuches dans laquelle les cavaliers espagnols s’engouffrent.
3 000 MAPUCHES SONT TUÉS
Au cours de cette terrible bataille, trois mille Mapuches sont tués, et des centaines d’autres, parmi lesquels on retrouve Galvarino, faits prisonniers. Du côté espagnol, on déplore seulement des blessures mineures et la perte de quelques dizaines de chevaux.
Si les preuves concernant les exploits de Galvarino sur le champ de bataille restent rares, le conquistador espagnol Jeronimo de Vivar ayant participé à la guerre d’Arauco écrit dans son livre, sobrement intitulé Chronique, que le commandant mapuche a enjoint ses hommes à continuer le combat.
« La fuite n’est pas une issue. Seule la mort l’est, car vous mourrez en défendant votre patrie ! »
Vivar note également que Galvarino a combattu seul la garde rapprochée de Mendoza et est parvenu à tuer son commandant en second.
Les Espagnols n’offriront malheureusement pas de seconde chance à Galvarino. Lorsque la bataille s’achève, le commandant mapuche et ses hommes sont condamnés à être pendus.
Auteur du poème épique intitulé La Araucana, Alonso de Ercilla a prétendu avoir tenté d’intervenir en faveur de Galvarino, et avoir poussé ce dernier à rejoindre les Espagnols. Ce à quoi le guerrier mapuche aurait répondu : « Je préfère mourir plutôt que de vivre comme vous. Je regrette seulement que la mort m’empêche de vous déchiqueter jusqu’au dernier. »
« JE REGRETTE SEULEMENT QUE LA MORT M’EMPÊCHE DE VOUS DÉCHIQUETER JUSQU’AU DERNIER »
La guerre d’Arauco se poursuivra durant près de 300 ans et les Mapuches continueront à résister à l’envahisseur espagnol. Il faudra attendre 1825 pour que le Chili proclame son indépendance. Selon l’historienne Leslie Ray, « l’histoire de Galvarino a contribué plus que tout autre à perpétuer la réputation de courage et de ténacité des Mapuches ».
Par ailleurs, que savez-vous vraiment des Amérindiens, ce peuple ancestral presque totalement décimé ?