Et si l’on pouvait s’émerveiller sans enfermer ? À Bruxelles, Gaia lance un zoo 100 % virtuel, sans animaux captifs. Une révolution éthique ? Pas si simple : malgré l’émotion, beaucoup restent attachés aux cages… et à la proximité du vivant en chair et en os.

Une immersion en réalité virtuelle qui mobilise tous les sens pour mieux recréer le vivant
Ce « zoo » d’un nouveau genre, ouvert en septembre 2025 dans la capitale belge, mise sur la réalité virtuelle pour nous faire voyager sans nuire. Grâce à des casques VR et des modules en réalité augmentée, les visiteurs explorent savane, banquise et jungle à la rencontre d’animaux numériques criants de réalisme. Bruitages, odeurs, interactions gestuelles : tout est pensé pour une expérience multisensorielle qui bouleverse les repères.
« J’ai eu un moment de panique quand le tigre s’est approché… alors qu’il n’existait même pas », confiait un adolescent à la sortie. Ce n’est plus seulement voir, c’est ressentir. Et c’est là que réside la vraie révolution : dans ce lien émotionnel recréé artificiellement, mais avec une intensité bien réelle.
Une pédagogie active et émotionnelle pour faire évoluer notre rapport aux animaux
Ce que propose Gaia, ce n’est pas un gadget high-tech, mais un outil de transformation. À travers quiz, jeux et narration immersive, l’utilisateur devient acteur de son apprentissage. Il apprend que les éléphants ont besoin de dizaines de kilomètres pour vivre dignement, qu’un orque en bassin est l’équivalent d’un humain enfermé dans une baignoire…
L’implication émotionnelle renforce la mémorisation, et donc, la prise de conscience. Et surtout, contrairement à un discours moralisateur, ici c’est l’émotion qui guide le raisonnement. « On voulait provoquer une étincelle, pas faire la leçon », explique Andy Van den Broeck, co-concepteur du projet. Mission accomplie ?
Le paradoxe du public : une conscience éthique, mais une envie tenace de voir les vrais animaux
C’est là que le bât blesse. Selon une enquête menée en France en septembre, 83 % des personnes interrogées préfèrent un zoo réel à sa version numérique. Et ce, malgré une sensibilité affichée au bien-être animal. Ce paradoxe questionne : a-t-on besoin de voir la souffrance pour y croire ? Ou est-ce simplement une question d’habitude, de tradition, de plaisir coupable ?
En parallèle, les zoos traditionnels cartonnent toujours : celui de Barcelone dépasse le million de visiteurs annuels. Alors que les delphinariums ferment, les parcs animaliers, eux, séduisent encore. Comme si l’idée de captivité avait encore de beaux jours devant elle…
Peut-être que voir un animal souffrir derrière des barreaux nous choque… mais que le voir bouger librement dans la savane virtuelle ne suffit pas encore à combler notre besoin d’authenticité. L’émotion numérique, aussi forte soit-elle, peine à rivaliser avec la présence physique. Même simulé, l’émerveillement reste perçu comme artificiel.
Une piste enthousiasmante pour l’avenir, mais pas sans limites ni contradictions écologiques
Oui, ce zoo virtuel ouvre une voie enthousiasmante : celle d’un tourisme éthique, accessible, respectueux du vivant. Mais il pose aussi des questions. Car la pollution numérique existe, et certaines études montrent que l’expérience virtuelle… donne envie de voir le vrai. Le risque est donc réel de créer une frustration plutôt qu’une alternative.
Pour autant, ce projet donne envie d’y croire. D’imaginer un futur où le respect des animaux ne sera plus une option, mais une norme. Où l’émerveillement pourra s’inventer sans prison. Où l’on emmènera ses enfants dans un « zoo » sans barreaux, mais rempli d’émotions vraies.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: Science & Vie
Étiquettes: bien-être animal, zoo virtuel
Catégories: Actualités, Animaux & Végétaux