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Gaia dévoile un secret galactique : la matière noire reprend l’avantage face à une théorie alternative

Deux chercheurs français analysent les données du satellite Gaia et mettent sérieusement à mal la théorie alternative Mond. Leurs résultats, inattendus mais rigoureux, pourraient renforcer l’hypothèse de la matière noire dans notre galaxie. Un tournant passionnant dans la quête des mystères de l’Univers.

Le télescope spatial Gaia
Le télescope spatial Gaia © ESA/ATG medialab; background: ESO/S. Brunier

Une vieille question de cosmologie remise sur le tapis par deux Toulousains

Quand j’étais gosse, je regardais la Voie lactée en pensant qu’on avait tout compris. Que nenni. Depuis les années 1980, deux grandes explications se tirent la bourre pour expliquer pourquoi les étoiles dans les galaxies tournent plus vite que prévu. D’un côté, la matière noire : cette masse invisible qui jouerait les chefs d’orchestre gravitationnels. De l’autre, la théorie Mond (dynamique newtonienne modifiée), qui propose de changer les lois de la physique à très basse accélération.

Et voilà que deux chercheurs français, Alain Blanchard et son étudiant Even Coquery, ont déniché dans les données du satellite Gaia des indices très sérieux en faveur de la matière noire. De quoi relancer le débat avec panache.

Les données de Gaia montrent une courbe de rotation incompatible avec Mond

Le duo de chercheurs s’est plongé dans l’analyse du mouvement des étoiles à l’aide des données très précises de Gaia, le satellite européen qui a observé plus d’un milliard d’étoiles pendant une décennie. Leur but ? Comparer la vitesse à laquelle les étoiles tournent autour du centre galactique aux prédictions des deux théories.

Problème : la courbe de rotation observée n’est pas plate à grande distance du centre galactique, contrairement à ce qu’exige Mond. Et même en ajustant les paramètres (masse baryonique ou constante a0), les chiffres refusent de coller. À l’inverse, le modèle standard avec un halo de matière noire (le modèle NFW) s’accorde bien avec les observations.

Une confirmation fragile mais prometteuse pour la matière noire

Est-ce que Mond est définitivement à jeter ? Pas si vite. Blanchard le dit lui-même : les données utilisées proviennent de groupes extérieurs à la mission Gaia, et pourraient contenir des biais. Le catalogue complet, attendu pour 2030, pourrait affiner ou bouleverser les conclusions actuelles.

Mais à ce stade, une chose est claire : Mond est sur la défensive. Les résultats obtenus par le duo français montrent qu’on peut expliquer les observations de Gaia sans modifier les lois de Newton, simplement avec une bonne vieille matière noire bien planquée.

Un article arXiv qui a déjà fait du bruit dans la communauté

Le papier, mis en ligne en juillet 2024 sur arXiv, a rapidement attiré l’attention. Certains y voient une pièce majeure contre Mond, d’autres appellent à la prudence, notamment en raison de l’incertitude sur les données.

Et puis, il y a cette petite touche qui rend l’histoire savoureuse : Even Coquery était alors simple étudiant en stage à l’Irap. Une première incursion en cosmologie qui pourrait bien laisser une trace durable.

Pour trancher entre Mond et la matière noire, il faudra attendre les prochaines livraisons de Gaia. Mais les travaux de Blanchard et Coquery pourraient bien marquer un tournant. Comme quoi, un stage d’été peut parfois ébranler les lois de l’Univers.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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