
Une analyse génétique minutieuse a révélé un cas de figure sans précédent au sein du règne animal, avec des fourmis moissonneuses ibériques capables d’engendrer une progéniture d’une espèce différente.
Clones parfaits
Jonathan Romiguier, de l’université de Montpellier, et ses collègues se sont penchés sur les génomes de 390 fourmis appartenant à cinq espèces distinctes du genre Messor. Les comparaisons réalisées ont montré des différences génétiques plus marquées entre les ouvrières et les reines M. ibericus, suggérant que les premières, stériles, soient des hybrides.
Une hypothèse qu’un examen approfondi, révélant que la moitié de leur ADN mitochondrial provenait effectivement de l’espèce M. structor, possédant pourtant une aire de répartition largement distincte, a permis de confirmer.
De façon encore plus intrigante, il s’est avéré que les reines de l’espèce ibérique engendraient à la fois des mâles velus (M. ibericus) et quasiment glabres (M. structor). Nommé « xénopare », ce mode de reproduction inédit implique qu’elles utilisent le sperme d’un mâle M. structor préalablement stocké dans leur spermathèque (organe spécialisé) pour féconder leur ovule et donner naissance à un « clone parfait ».
The discovery, published in ‘Nature,’ could force scientists to redefine what constitutes a species ‘Messor ibericus’: The ant that lays eggs of two different species https://t.co/CjcSxgpjrt
— El País English Edition (@elpaisinenglish) September 5, 2025
« Via un mécanisme encore inconnu, intervenant avant ou après fécondation, le génome nucléaire de la mère est éliminé, ne laissant que le matériel génétique de M. structor », écrivent les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue Nature.
Le secret des colonies prospères de M. ibericus
De telles découvertes indiquent que les reines M. ibericus s’accouplent avec les clones qu’elles ont engendrés, produisant ainsi des générations d’ouvrières permettant à leurs colonies de se développer.
« Nous pensions avoir tout vu, mais ces insectes sociaux nous surprennent encore », commente Michael Goodisman, de l’Institut de technologie de Géorgie. « Cette espèce de fourmi transgresse une loi fondamentale de la biologie. »
La prochaine étape consistera à déterminer si ces clones peuvent engendrer une progéniture viable avec des reines M. structor.
Il y a quelques années, un comportement étrange et inédit avait été observé chez des colonies de fourmis australiennes.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
Étiquettes: fourmi
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