Mi-juillet, le gouvernement camerounais était décidé à sacrifier plus de 68 000 hectares de la forêt vierge du massif d’Ebo « à la production du bois d’œuvre ». Les ONG et les populations riveraines se sont mobilisées pour empêcher ce désastre écologique, une colère qui porte aujourd’hui ses fruits.
La forêt d’Ebo s’étend sur 200 millions d’hectares et six États africains. Elle est la deuxième plus grande forêt tropicale au monde après l’Amazonie, et plus de 40 communautés du peuple Banen vivent sur ses bords. Elle abrite aussi de nombreuses espèces animales, comprenant l’éléphant de forêt, le perroquet gris, le Picatharte du Cameroun ainsi que des grands singes, des drills et des gorilles.
Ces derniers primates sont menacés d’extinction, et une partie importante des autres espèces est sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). C’est entre autres ce que l’ONG Greenpeace a rappelé afin de s’opposer à ce projet de déforestation. En parallèle, les populations riveraines se sont fortement mobilisées, affrontant des conditions difficiles. « En plein boom du Covid, c’était la panique pour se réunir, mais nous avions fait des pétitions, organisé des conférences de presse et rencontré le ministre des Forêts », témoigne Victor Yetina, membre de la communauté Banen et chef du village Ndikbassogog.
Sous l’impulsion de ces luttes, le président du Cameroun Paul Biya a ordonné au Premier ministre d’annoncer, le 11 août dernier, l’annulation du décret visant l’exploitation du massif forestier. Les ONG souhaitent désormais assurer la protection de la forêt sur le long terme, et demandent au gouvernement de reconsidérer un projet qui avait été ébauché en 2006 pour faire de cette forêt un parc national.