La fonte des terres gelées en Arctique entraîne des émissions considérables de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ne faisant que précipiter le phénomène.
L’Arctique se réchauffe, le pergélisol fond à grande vitesse
Le pergélisol, ou permafrost en anglais, c’est cette couche de sol gelée en permanence, qui recouvre 24 % des terres émergées de l’hémisphère Nord, majoritairement à travers la Russie, le Nord du Canada et le Groenland. À cause du réchauffement climatique, celui-ci fond, ce qui implique des conséquences diverses d’ampleur. Le Monde, dans une vidéo postée en 2018, expliquait tous les enjeux de la fonte de ces terres : l’effet de serre, mais aussi l’exposition au mercure, et la diffusion de maladies.
Le pergélisol fondu libère du CO2 dans l’atmosphère, ce qui accentue le phénomène de réchauffement climatique, contribuant à faire fondre plus de terres gelées, etc. D’autant plus que les terres proches du pôle Nord se réchauffent encore plus rapidement que le reste de la planète :
« Les régions froides des hautes latitudes, y compris l’Arctique, se réchauffent deux fois plus rapidement que le reste de la planète, avec un phénomène de réchauffement accentué pendant l’hiver. Sachant qu’un processus majeur dans les émissions de CO2, la respiratoire microbiale [les émissions dues à l’activité de microbes qui ne sont plus « gelés], s’amplifie avec le réchauffement même pour des températures inférieures à 0 C°, l’hiver est une période critique pour les échanges de carbone », explique le Dr Fereidoun Rezanezhad, du Water Institute & Ecohydrology Research Group de l’université Waterloo et professeur en sciences de la Terre et de l’environnement, dans une nouvelle étude publiée dans la très reconnue revue Nature Climate Change.
Une étude nécessaire pour des résultats d’ampleur
L’hiver est une période critique, l’étude s’est donc portée sur l’étude des émissions à cette période, et a tenté de fournir des projections pour les décennies à venir. « Nous savions que des températures plus élevées et la fonte du pergélisol ont accéléré les émissions hivernales de CO2, mais nous n’avions pas un chiffre clair de la balance carbone », explique la directrice du programme WHRC Arctic et principale auteure de l’étude, Dr Sue Natali.
Les résultats sont assez effrayants, et permettent de voir la nécessité de ce genre d’étude : avec près de 1000 relevés de données sur place, l’équipe estime que chaque année, le sol rejetterait plus de 1,6 milliard de tonnes de carbone d’octobre à avril, ce qui constitue plus de trois fois la quantité d’émissions annuelles de la France (463 millions de tonnes en équivalent CO2 en 2016). C’est considérablement plus que le milliard de tonnes que son environnement peut absorber.
L’étude prend aussi en compte les différentes prédictions sur l’évolution sur le climat, afin de calculer les émissions équivalentes. Sur l’échelle RCP définie par le GIEC, le scénario d’une stabilisation (RCP 4.5) à partir de 2050 des taux de carbone dans l’atmosphère augmenterait de 17 % la quantité de carbone émise dans l’atmosphère. Le scénario le plus pessimiste (RCP 8.5) l’augmenterait de 41 %.
Cette étude, soutenue par la NASA et conduite en collaboration avec le Permafrost Carbon Network et plus de 50 institutions partenaires, avait pour but d’apporter une base scientifique claire pour permettre une réponse politique globale rapide : « Au vu de la grandeur des territoires au sein des régions du permafrost, il est difficile de jauger la rapidité de la mutation des écosystèmes. La recherche résultant de ce projet pourrait renseigner les prises de décisions du gouvernement en faveur de l’action climatique », explique le Dr Rezanezhad.
Par Victor Chevet, le
Source: Phys.org
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