De nouvelles données indiquent que le tristement célèbre glacier antarctique Thwaites fond à une vitesse encore plus rapide que prévu, en raison de l’infiltration d’eau de mer chaude à sa base.
Des infiltrations d’eau de mer chaude qui amplifient la fonte
Publiée dans la revue PNAS, la nouvelle étude s’est concentrée pour la première fois sur la base du « glacier de l’Apocalypse », plus précisément sa « ligne d’ancrage », marquant la frontière entre la glace « échouée » (la partie flottante, mais encore rattachée à la côte) et celle flottant dans l’océan.
L’examen de clichés haute résolution pris courant 2023 par la constellation de satellites ICEYE a révélé qu’il ne s’agissait pas d’une séparation abrupte, comme on le supposait initialement. Si la largeur de la ligne variait entre 2 et 6 kilomètres, des infiltrations d’eau de mer à haute pression ont été observées à plusieurs kilomètres sous le glacier au cours du printemps austral.
Selon les chercheurs, ce contact généralisé entre l’eau de mer relativement chaude et la glace de Thwaites induit une fonte soutenue de sa base, rendant cette gigantesque masse de glace, d’une superficie équivalente à celle de la Grande-Bretagne, encore plus vulnérable au réchauffement des océans.
« Jusqu’à présent, il n’avait pas été possible d’obtenir un aperçu suffisament détaillé de ces processus dynamiques pour pouvoir les modéliser », souligne Michael Wollersheim, co-auteur de la nouvelle étude. « L’utilisation de satellites radar, qui fournissent des mesures quotidiennes avec un niveau de précision de l’ordre du centimètre, constitue une avancée significative. »
Des implications majeures
Ces découvertes sur le glacier Thwaites vont permettre aux chercheurs de réviser leurs modèles afin de prédire encore plus précisément la fonte des glaciers similaires.
« Si nous intégrons ce type d’interaction océan-glace dans les modèles de calotte glaciaire, je pense que nous serons en mesure de mieux reproduire ce qui s’est passé au cours du dernier quart de siècle, ce qui augmentera la fiabilité de nos projections », estime Eric Rignot, du Jet Propulsion Laboratory de la NASA.
On estime que le « glacier de l’Apocalypse » a perdu environ 540 milliards de tonnes de glace depuis les années 1980, contribuant ainsi à lui seul à 4 % de l’élévation actuelle du niveau des mers. Sa fonte totale entraînerait une hausse supplémentaire de 60 centimètres.
Par Yann Contegat, le
Source: Space
Étiquettes: glacier, réchauffement climatique, antarctique
Catégories: Écologie, Actualités