Des archéologues israéliens ont annoncé la mise au jour des plus anciens instruments à vent jamais découverts au Moyen-Orient. Faits d’os de canard, ils produisaient un son proche des cris des oiseaux de proie locaux.
Sept aérophones préhistoriques
Ces artefacts anciens ont été découverts sur le site d’Eynan-Mallaha, dans le nord d’Israël, au sein d’une couche sédimentaire associée à la culture archéologique natoufienne. Ayant occupé la région entre 13 000 et 9 700 avant notre ère, ses membres ont été les premiers à adopter un mode de vie sédentaire et agricole, faisant ainsi passer l’humanité du Paléolithique au Néolithique.
Détaillées dans la revue Scientific Reports, ces découvertes comprennent sept aérophones préhistoriques en os, dont l’un s’avère complet, ce qui constitue selon les chercheurs une première. Chacun d’entre eux était percé d’un à quatre trous, que l’utilisateur obstruait avec ses doigts afin de moduler le son produit.
Des répliques de ces instruments anciens ont montré qu’ils produisaient trois hautes fréquences intenses, semblables à celles des cris de deux espèces d’oiseaux répandues dans la région au début du Néolithique : le faucon crécerellette et l’épervier.
« Grâce à des analyses technologiques, d’usure, taphonomiques, expérimentales et acoustiques, nous démontrons que ces objets ont été fabriqués intentionnellement il y a plus de 12 000 ans pour produire une gamme de sons similaires aux cris des rapaces locaux et dont les fonctions pourraient être à la croisée de la communication, de la chasse et de l’expression musicale », écrivent les chercheurs.
Une véritable fonction demeurant obscure
L’équipe estimait au départ que les objets avaient probablement été utilisés comme appeaux afin d’attirer les oiseaux, ce qui constituerait potentiellement le plus ancien exemple connu d’une telle pratique. Toutefois, les expériences réalisées suggèrent qu’une telle tactique se serait révélée peu efficace. Il est selon eux plus probable que ces imitations de cris d’oiseaux aient fait partie de la panoplie musicale des Natufiens.
Si leur véritable fonction demeure obscure, les sept instruments se révèlent être les plus anciens de ce type jamais découverts au Levant. Le record mondial est actuellement détenu par un ensemble de flûtes en os et en ivoire vieux de 40 000 ans, mis au jour dans le sud-ouest de l’Allemagne.
Dans le contexte plus large du développement culturel humain au Moyen-Orient, de telles découvertes renforcent l’idée que l’évolution de la musique lors de la transition vers l’agriculture était plus ramifiée qu’on ne le supposait initialement.
Par Yann Contegat, le
Source: IFL Science
Étiquettes: artefact, musique, neolithique
Catégories: Actualités, Histoire