Inventé au 7e siècle, le feu grégeois a presque gagné une dimension légendaire. Pourtant, cette arme dévastatrice a bien été utilisée par les Byzantins, leur donnant ainsi un avantage considérable lors de divers conflits.
Des flammes projetées par un siphon et glissant sur l’eau pour anéantir les bateaux ennemis, la vision a de quoi en terrifier plus d’un. Le feu grégeois fait partie de ces armes de guerre aussi mythiques que mystérieuses. En revanche, ce n’est pas la première arme incendiaire à être apparue sur les champs de bataille, puisque si sa première utilisation documentée remonte au 7e siècle, des armes inflammables étaient déjà utilisées au 9e siècle avant J.-C.
L’arme ultime qui a sauvé l’Empire byzantin
Les premières documentations du feu grégeois remontent au 7e siècle, où Théophane le Confesseur, un aristocrate byzantin, attribue son invention à l’architecte Kallinikos. Cependant, quelques années avant l’arrivée de Kallinikos à Constantinople, Théophane faisait également mention de bateaux byzantins transportant des armes incendiaires équipées de siphons. Un flou subsiste donc sur la date précise de sa création ainsi que sur le nom de son inventeur.
Quoi qu’il en soit, l’invention du feu grégeois tombe au meilleur moment pour un Empire byzantin qui se trouve très affaibli. Après de nombreuses guerres contre les Sassanides, Constantinople est la cible d’invasions musulmanes et notamment d’une tentative de siège en 674-678 puis en 717-718. C’est à ce moment-là que l’Empire décide de se servir, avec succès, du feu grégeois pour repousser les navires arabes qui assaillent la capitale byzantine.
Consistant en une sorte de liquide inflammable, le feu grégeois était embarqué sur les navires byzantins et projeté sur l’ennemi grâce à des siphons pressurisés. Capable de bruler sur l’eau, cette arme novatrice a donc permis à l’Empire de survivre aux deux sièges de Constantinople, mais s’est également avérée utile lors d’autres batailles navales.
Le secret le mieux gardé de l’Empire byzantin
Si le feu grégeois possède aujourd’hui un aspect presque mythique, c’est en raison du secret qui entoure sa composition. À tel point que la recette de ce liquide inflammable ainsi que la manière de s’en servir sont des savoirs désormais perdus. Cette arme qui conférait un avantage technologique à l’Empire byzantin était d’ailleurs perçue comme un cadeau divin, comme l’a écrit l’empereur Constantin VII Porphyrogénète dans son livre De administrando Imperio. Ce dernier aurait d’ailleurs demandé à son fils et héritier de conserver précieusement les secrets de fabrication du feu grégeois, puisqu’ils lui furent « montrés et révélés par un ange au grand et saint premier empereur chrétien Constantin ».
Perdue depuis des lustres, la recette du feu grégeois attise donc la curiosité et plusieurs théories ont même émergé concernant sa composition. Pendant un temps, la salpêtre a été considérée comme le possible ingrédient principal de ce liquide inflammable. Cependant, la plupart des historiens pensent désormais que le principal composant du feu grégeois serait en réalité du pétrole. L’Empire byzantin se situant autour de la mer Noire, il n’était pas difficile d’en trouver pour les Byzantins, étant donné la présence de champs de pétrole dans la région.
Mythique, le feu grégeois serait finalement une arme qui pourrait s’approcher du napalm, autre arme incendiaire utilisée lors de conflits modernes. S’il n’en reste pas moins un outil de destruction, le feu grégeois et son mystère ont laissé leur empreinte dans l’histoire, mais également dans la pop culture. Certains se souviendront peut-être de son utilisation dans Game of Thrones ou encore Pirates des Caraïbes.