Début décembre, Sanna Marin a été élue Première ministre de Finlande. Son élection est une véritable fierté pour les Finlandais, d’autant plus que le gouvernement qu’elle a composé est majoritairement féminin. La Finlande a souvent été la figure de proue des luttes politiques pour l’égalité des genres. En 1906, elle est le premier pays à avoir accordé le droit de vote aux femmes et à les autoriser à se présenter à des élections. Depuis, deux femmes ont déjà été Première ministre, et Tarja Halonen a été présidente pendant 12 ans, entre 2010 et 2012.
DES FEMMES MAJORITAIRES AU GOUVERNEMENT
Sanna Marin est depuis le 10 décembre 2019 la Première ministre de Finlande. Anciennement associée au Parti social-démocrate, elle dirige maintenant un gouvernement où les femmes sont majoritaires et compte parmi les plus jeunes chefs de gouvernement du monde avec Sébastian Kurz (dirigeant de l’Autriche). Elle est à la tête d’une coalition comprenant quatre autres partis : ces derniers ont également des femmes jeunes à leur tête.
Très rapidement, la nouvelle Première ministre a fait savoir qu’elle ne répondrait à aucune question concernant son âge ou son sexe, ce qui, jusqu’à présent, semble avoir été respecté puisqu’on ne l’a toujours pas interrogée sur l’équilibre entre exercice du pouvoir et vie familiale (question que l’on ne pose d’ailleurs jamais aux hommes, mais que de nombreuses femmes politiques subissent). À noter que “le candidat qui briguait aussi le poste [de Premier ministre] avait déjà décliné un ministère lors des dernières négociations car il voulait passer plus de temps avec sa famille”, a déclaré Tanja Auvinen, chargée de l’égalité des genres au ministère de la Santé et des Affaires sociales.
Exactement 12 femmes sont actuellement ministres du gouvernement finlandais : Sanna Marin (Première ministre), Katri Kulmuni (vice-Première ministre et ministre des Finances), Maria Ohisalo (ministre de l’Intérieur), Anna-Maja Henriksson (ministre de la Justice), Tuula Haatainen (ministre de l’Emploi), Sirpa Paatero (ministre des Affaires locales), Li Andersson (ministre de l’Éducation), Hanna Kosonen (ministre de la Science et de la Culture), Tytti Tuppurainen (ministre des Affaires européennes et des Réformes), Krista Mikkonen (ministre de l’Environnement et du Climat), Aino-Kaisa Pekonen (ministre des Affaires sociales et de la Santé) et Krista Kiuru (ministre de la Famille et des Services sociaux).
LA FINLANDE, UN MODÈLE DANS L’ÉGALITÉ DES GENRES ?
L’élection de Sanna Marin en décembre est particulièrement symbolique pour de nombreuses personnes en Finlande : l’égalité n’est désormais plus un rêve, c’est maintenant presque une réalité. Concilier vie de famille et vie professionnelle est un idéal féministe qui semble presque atteint en Finlande. Susanna Mikkonen, vice-présidente de Mothers in Business (Les mères dans le business), déclare que “c’est très bien que ces jeunes femmes prennent des responsabilités de dirigeantes. Sanna Marin a le même âge que moi et elle est un excellent modèle à suivre pour nous, les mères, qui avons aussi une vie professionnelle”. À Helsinki, Mikkonen organise souvent des ateliers en faveur de cette conciliation.
La Finlande met également en place une politique de congé parental très positive pour les parents. La garde des enfants est subventionnée, ce qui permet aux parents de mieux équilibrer leur vie privée et leur vie professionnelle. En Finlande, les mamans qui travaillent sont une majorité et cela est entré dans la norme. Une femme n’y est pas plus susceptible qu’un homme de s’occuper de ses enfants ou d’aller les chercher à l’école, par exemple. L’OCDE estime que c’est l’unique pays où les pères passent plus de temps que les mères avec les enfants en âge d’être à l’école, affirme Mikko Koivumaa. Selon ce diplomate, cette démarche qu’a mise en place la Finlande est précisément ce qui lui assure les premières places dans de nombreux classements mondiaux fondés sur des indicateurs sociaux.
Tanja Auvinen est très fière des avancées de son pays en faveur du droit des femmes. Malheureusement, on ne peut pas non plus le voir comme un pays parfait, utopique, car certains membres du gouvernement ont indiqué avoir reçu des plaintes d’hommes mécontents de cette progression des femmes. Par exemple, Jukka Maarianvaara a reçu trois plaintes écrites et un appel à ce propos. Il note avec ironie que “dans le gouvernement précédent, il n’y avait que 26 % de femmes et personne ne nous a contactés”.
La Finlande reste toutefois exemplaire dans sa lutte pour l’égalité des genres. Ses démarches en faveur de l’égalité des genres ont souvent été de grands succès. Nous pensons par exemple à la campagne qu’elle avait diffusée à l’international et qui promouvait l’utilisation du pronom personnel neutre “hän ». L’objectif étant d’arriver à un monde où personne n’est obligé de se définir par “il” ou “elle”.
Par Jeanne Gosselin, le
Source: Courrier International
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