Le constat est sans appel : les douleurs physiques sont mieux considérées que les souffrances psychologiques. Une entreprise accepte plus facilement les absences dues à un mal de dos que celles liées à une dépression. Ainsi, le syndrome de fatigue chronique a longtemps été considéré comme une maladie imaginaire. SooCurious vous en dit plus sur les dernières études publiées.
Pendant longtemps, la communauté médicale a considéré le syndrome de fatigue chronique (SFC) comme une maladie psychosomatique. Un article, publié dans le magazine américain « NewsWeek » en 1990, l’avait même surnommé « Yuppie la grippe » ou « maladie zombie ». Cette maladie, reconnue en 1992 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), se caractérise par une fatigue persistante et inexpliquée qui dure malgré les efforts de la personne atteinte. Les malades se plaignent également de douleurs musculaires et articulaires. Jusqu’à présent, les chercheurs divergent sur les origines de cette épidémie qui touche 1 million de personnes aux Etats-Unis, 250 000 en Grande-Bretagne et 150 000 en France. Elles peuvent être virales ou bactériennes, alimentaires ou neurologiques.
En 2005, Leonard Jason, professeur américain de psychologie lui-même atteint, a réalisé un essai clinique sans médicament. Des milliers de patients ont été consultés au hasard afin de répondre à un questionnaire sur les symptômes. Des tests ont par ailleurs été effectués sur 100 malades en variant les thérapies comportementales et cognitives avec les méthodes de relaxation. Les scientifiques ont remarqué une différence de réaction chez les patients américains par rapport aux malades britanniques. De plus, ceux qui avaient appris à rester dans leur enveloppe d’énergie avaient des meilleurs résultats que les autres.
En 2011, des chercheurs britanniques, notamment Peter White et Simon Wessely, ont effectué un autre essai clinique sur 641 personnes atteintes de la pathologie aussi appelée encéphalomyélite myalgique (ME). L’idée était de comparer quatre approches de traitement : des soins standards et/ou en combinaison avec de l’exercice progressif ou avec l’apprentissage à éviter ou réduire la fatigue d’une part, et la thérapie cognitivo-comportementale d’autre part. Ils ont estimé qu’une attitude positive pouvait permettre aux malades de se remettre de la fatigue chronique. Problème : cette étude a été rejetée par les patients car elle se concentre uniquement sur l’exercice et la thérapie cognitive. Ces derniers soulignent que cette approche fait à tort la part belle aux facteurs psychologiques du syndrome.
D’autres scientifiques, notamment français, pensent que le syndrome de fatigue chronique fait suite à un dysfonctionnement du système immunitaire dans les cellules ou les éléments biochimiques chargés de combattre les infections. Hugh Perry, de l’université de Southampton en Grande-Bretagne, valide cette théorie. Pour lui, ce sont les cellules immunitaires présentes dans le cerveau qui causent une inflammation. Il faut peut-être améliorer la façon dont le cerveau perçoit les symptômes, pense-t-il. De fait, les personnes exposées aux pesticides ou insecticides seraient plus vulnérables que d’autres. Une chose est sûre : l’épidémie frappe les femmes beaucoup plus que les hommes.
Deux rapports commandités par le gouvernement américain, en 2015, ont mis tout le monde d’accord. Et pour cause : ils attestent qu’il s’agit bel et bien d’une maladie physique et non psychologique. Fin octobre, le NIH (National Institutes of Health) a annoncé qu’un nouveau programme de recherche sur le syndrome de fatigue chronique serait bientôt lancé.
Les résultats de ces études sont étonnants. Les scientifiques font en outre savoir qu’il existe autant de formes de syndrome de fatigue chronique que de types de cancer. D’où la difficulté de soigner ce genre de maladie dont les origines sont partiellement méconnues. Si ce genre d’enquête vous passionne, découvrez celle-ci qui revient sur les bienfaits supposés du sport. Que pensez-vous de cette pathologie qui souffre encore d’un manque de reconnaissance en France ?
Par Sébastien Badibanga, le
Source: Gizmodo
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