Des chercheurs chinois ont analysé la diffusion de fake news et de véritables informations sur Weibo, l’un des principaux réseaux sociaux chinois, et constaté que les premières étaient davantage diffusées lorsqu’elles suscitaient colère et inquiétude chez les utilisateurs de la plateforme.
Des messages vecteurs de colère et d’anxiété
Dans le cadre de ces travaux, récemment mis en ligne sur le serveur de pré-publication arXiv, Jichang Zhao, du Centre d’innovation avancée de Pékin pour les données, et Yuwei Chuai, de l’université de Beihang, ont examiné un ensemble de données comprenant quelque 22 479 messages provenant de 20 532 utilisateurs de Weibo entre 2011 et 2016, officiellement signalés comme fake news par la plateforme, ainsi que 10 000 messages reprenant des informations vérifiées, provenant de 1 527 utilisateurs.
Les deux chercheurs ont chargé une équipe de neuf personnes d’évaluer le « contenu émotionnel » des messages, en recherchant manuellement les mots compris dans une liste de 6 000 termes. Celle-ci comprenait 1 323 mots associés à la colère, 2 066 à la joie, 1 243 à la tristesse, ainsi que des termes relatifs à la peur et au dégoût.
Chaque message s’est vu ensuite attribuer une « côte émotionnelle », avec par exemple une côte de colère fixée à 50 % si cinq termes rattachés à cette émotion dans la liste établie par les chercheurs apparaissaient dans un message en comportant 10. « Et il s’est avéré que les fausses informations véhiculaient beaucoup plus de colère et moins de joie que les véritables informations », explique Zhao.
Les fake news les plus largement consultées et partagées comprenaient une proportion de termes associés à la colère environ trois fois supérieure à celle des informations vérifiées les moins diffusées. Tandis que sur l’ensemble des messages analysés, les fausses informations étaient près de 6 % plus portées sur la colère et comportaient une proportion de mots associés à la joie 17 % plus faible.
Jouer sur les émotions pour augmenter la diffusion des fake news
Zhao et Chuai ont ensuite interrogé 1 316 utilisateurs actifs de Weibo afin d’identifier les raisons poussant davantage les gens à partager des fake news, et ont constaté que les messages véhiculant de la colère suscitaient chez eux un plus grand sentiment d’anxiété, les poussant davantage à les partager.
Selon le chercheurs, le fait de signaler ce type de message pourrait donner aux utilisateurs des réseaux sociaux l’occasion d’effectuer une analyse critique de leur contenu avant de le rediffuser. Si ces derniers ont estimé que le fait de distinguer les messages comprenant plus de 20 % de termes rattachés à la colère permettrait de signaler environ 46 % des fake news très populaires sur Weibo, près de 22 % des véritables informations tomberaient également dans cette catégorie, ce qui s’avèrerait problématique.
Afin de déterminer si ces résultats s’appliquaient également aux fake news rédigées en anglais, les chercheurs ont utilisé une approche similaire pour analyser un ensemble de données de plus de 20 000 messages colportant de fausses informations et de 20 000 autres basés sur des informations vérifiées sur Twitter. Ce qui a leur permis de confirmer qu’à l’instar des tweets les plus partagés, les fake news comprenaient en moyenne davantage de termes rattachés au champ lexical de la colère.
Pour Rowan Zellers de l’université de Washington, ces conclusions ne sont pas vraiment surprenantes. « L’une des principales caractéristiques de la désinformation consiste à jouer sur les émotions. Ce qui pousse davantage les gens à partager ce type de contenus. » Ce qui semble également s’appliquer aux pages et messages anti-vaccins diffusés sur Facebook.
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
Étiquettes: internet, twitter, fake-news, desinformation, peur anxiété, réseaux sociaux
Catégories: Actualités, Technologie
et cette colere NAIT DE QUOI ?!!!