Avec plus de deux milliards d’utilisateurs dans le monde, le réseau social Facebook est l’une des plus grosses applications aujourd’hui. Toujours très populaire, la plateforme créée par Mark Zuckerberg voit son image écornée par de récentes révélations. La dernière en date dévoile une collecte des données d’utilisateurs ayant Android, sans que les intéressés soient au courant.
Des données téléphoniques collectées par Facebook
Le réseau social Facebook, créé en 2004 aux Etats-Unis par Mark Zuckerberg, n’a jamais fait autant polémique. Après le scandale de l’affaire Cambridge Analytica (utilisation de données privées à des fins politiques), c’est une nouvelle révélation qui jette l’opprobre sur le géant américain. De nombreux utilisateurs, effrayés par cette histoire, ont décidé de télécharger toutes leurs données, stockées sur Facebook. Ce qu’ils ont remarqué n’est pas passé inaperçu. En effet, il semblerait que Facebook ait collecté depuis des années des fichiers d’appels et de SMS envoyés par les utilisateurs du réseau.
Ce problème semble ne toucher que les personnes dont le smartphone fonctionne avec Android. Plusieurs personnes se plaignent d’avoir trouvé des traces d’historiques détaillées et d’appels passés à des proches. Cette nouvelle est pour le moins désarmante. Sur Twitter, Mat Johnson s’exclame : « Oh waouh, mes fichiers Facebook comprimés que j’avais supprimés contiennent des informations sur tous les appels passés et les textos écrits sur une année ». Dylan McKay, lui, s’offusque d’avoir trouvé « toute l’historique des appels avec la mère de ma compagne ». Beaucoup d’autres ont relevé des données similaires où apparaissent leurs contacts proches (membres de la famille). Il semblerait que seules les données concernant les proches soient conservées.
Les raisons assez floues de cette collecte
Ars Technica rapporte que le réseau social américain a demandé à avoir accès aux contacts, aux données SMS et aux historiques d’appels, sur les appareils équipés d’Android. Cette demande avait pour but d’améliorer l’algorithme de recommandations d’amis et de distinguer les contacts professionnels des vrais amis. Il semble que Facebook ait collecté toutes ces données via l’application Messenger (messagerie instantanée appartenant au réseau social). Bien souvent, les utilisateurs possédant Android sont invités à faire de Messenger leur messagerie par défaut.
Par ailleurs, Facebook a proposé (au moins récemment) une option symbolisée par un bouton bleu et qui permet au système de « télécharger en continu » les données sur les contacts (incluant les historiques d’appels et de messages). Pour le moment, on ne sait pas clairement si cela est apparu récemment, en lien avec la collecte de données, ou si cette option est présente depuis le tout début. En tous les cas, cette histoire interpelle ceux qui ont trouvé ces données archivées sur les serveurs de Facebook.
Un doute sur l’origine de ce procédé
Alors que les instructions actuelles sont très claires, Ars Technica souligne un flou dans les paramétrages d’Android, qui auraient permis à Facebook de faire la même chose pendant des années. Il apparaît qu’avant que Google ne modifie le système Android API en octobre dernier, les développeurs pouvaient passer outre les permissions du système et continuer à accéder aux appels et aux SMS. Pour l’instant, on ne sait pas clairement si cela était en place dans le passé.
De son côté, Facebook se défend par rapport à ces découvertes en suggérant qu’il est normal que les applications aient accès aux historiques d’appels téléphoniques quand l’utilisateur synchronise ses contacts sur les réseaux sociaux. Un porte-parole du géant américain affirme « que le rôle le plus important des applications et des services qui aident à entrer en relation est de faciliter la recherche des gens avec qui l’on veut entrer en contact ». Le porte-parole affirme même « que la première fois que l’on crée son compte sur une application de ce type, il est très courant que l’on commence par synchroniser ses contacts téléphoniques ».
Le début des ennuis pour l’entreprise américaine ?
Pour le moment, aucune trace de telles données n’ont été trouvées sur les appareils fonctionnant avec IOS (système Apple). Bien que le groupe à la pomme permet à certaines applications d’accéder aux données de façon limitée (pour bloquer les appels ou les messages de type Spam), ces accès sont très limités et autorisés via un processus complexe. Ainsi, la majorité des applications IOS ne peuvent pas avoir accès aux historiques d’appels et de messages, et l’application Facebook sur IOS ne peut pas capter ces données sur un iPhone.
Dans les mois qui viennent, Facebook pourrait avoir à répondre à plusieurs questions sur cette collecte de données, précisément sur le moment où cela a commencé et si les utilisateurs d’Android comprenaient vraiment quand ils autorisaient l’application à accéder aux données téléphoniques. Dans un post publié dimanche dernier, le réseau social a expliqué clairement comment la collecte des données fonctionne et qu’elle est optionnelle. Ceci dit, elle n’a pas communiqué sur la raison de cette utilisation de données. Leur post échoue aussi à expliquer pourquoi les données sont collectées sous les auspices d’un chargement de contact.
Il semble que l’emballement médiatique autour du scandale de Cambridge Analytica ne soit pas prêt de se calmer. Même si Facebook a modifié les paramètres de confidentialité ces dernières années pour que ce type d’événement n’arrive plus, l’entreprise est assaillie par les critiques (comment ont-ils laissé cela arriver ?). Le fondateur Mark Zuckerberg a également été convoqué par un comité parlementaire britannique pour expliquer comment les données ont été prises sans le consentement des utilisateurs. Toute cette affaire fait réfléchir sur l’usage des réseaux sociaux et des applications et met en lumière le problème des limites à fixer dans l’accès aux données personnelles.
Par Thomas Le Moing, le
Source: The Verge
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