Régulièrement, nous vous faisons état des espèces qui disparaissent de notre planète, et de la biodiversité qui est de plus en plus impactée par l’activité humaine. Une nouvelle étude démontre que l’extinction des plantes est encore plus rapide que pour les animaux. Pire encore, ce sont les régions dotées de la plus grande diversité dans le monde qui sont les plus concernées. Explications.
Un impact sous-estimé ?
Jusqu’à présent, il n’y avait aucun doute sur le fait que l’espèce humaine, de par son activité polluante et dégradante, contribuait à la disparition de multiples espèces sur le globe. Le rhinocéros de Java ou le dauphin de Yang Tsé sont deux des multiples espèces qui sont aujourd’hui sur le point de s’éteindre.
En revanche, selon une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Ecology & Evolution cette semaine, il semblerait que l’impact sur les plantes ait été largement sous-estimé par les chercheurs ces dernières années. Au total, il y aurait en moyenne trois espèces de plantes qui disparaissent chaque année, et ce depuis le début des années 2000. « C’est bien plus que ce que nous pensions et bien plus que ce qui devrait s’éteindre« , a commenté le Dr Maria Vorontsova.
Dans l’hypothèse d’un scénario où il n’y aurait que des extinctions naturelles, les scientifiques ont déterminé que notre activité contribue à l’extinction des plantes, 500 fois plus rapidement. Globalement, depuis le XVIIIe siècle, ce sont plus de 600 espèces de végétaux qui se sont éteintes sur Terre. Le triste record d’extinction est pour l’île d’Hawaï, où les pertes sont particulièrement concentrées du fait de la diversité due au climat méditerranéen. 79 espèces ont disparu, bien loin devant l’Afrique du Sud, classée deuxième, qui comptabilise 37 extinctions.
Rappelons également que la biodiversité est fondamentale à notre écosystème. C’est très certainement l’enjeu écologique le plus grave de notre siècle, et la perte de la biodiversité pourrait même s’avérer plus importante que le réchauffement climatique. Selon des estimations du World Ressource Institute avec l’UNEP, environ 150 à 200 espèces sauvages disparaissent chaque jour.
Une étude de la WWF a estimé que depuis 40 ans, c’est environ 60 % des animaux de la planète qui ont disparu, et les plantes suivent comme nous vous le disions ci-dessus. Les conséquences sont alors multiples, en commençant par le dérèglement des écosystèmes terrestres qui reposent sur une diversité bien établie de formes de vie qui jouent chacune un rôle. Formant un véritable équilibre, le dérèglement de ce dernier pourrait avoir des conséquences sur l’Homme, en matière de capacité à se nourrir, de santé, de qualité de l’air ou de l’eau. Pire encore, les effets ne seraient pas tous connus, car les effets de chaînes et papillons pourraient ajouter de nouvelles conséquences, comme une surconsommation de ressources végétales qui ne serait pas envisageable à long terme.
Une première étude de ce type
Effectivement, c’est la première analyse globale du taux d’extinction incluant des plantes. Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé une très large base de données de plantes qui se sont éteintes, notamment en s’appuyant sur des données conservées aux jardins de Kew. Ces derniers répertorient plus de 330 000 espèces de plantes, réparties à travers le monde.
Les chercheurs ont pu faire d’étonnantes découvertes. Par exemple, sur les 1234 espèces qui ont été déclarées et éteintes dans le passé, certaines ont depuis été redécouvertes, et nécessitent aujourd’hui d’être reclassées (environ 50 d’entre elles). Au total, depuis 1750, 571 plantes auraient définitivement disparu de la Terre, ce qui est deux fois plus important que les extinctions cumulées des mammifères, des oiseaux ou encore des amphibiens, que nous mettons bien plus souvent en avant.
L’étude a également permis de déterminer les régions du monde qui seraient les plus sensibles à l’extinction des végétaux. Malheureusement, les plus touchées sont celles qui possèdent une diversité importante, comme les régions du Pacifique (Hawaï, Inde, Australie) ou encore les pourtours méditerranéens. D’ailleurs, ce sont les espèces endémiques qui seraient les plus sensibles aux invasions biologiques.
Globalement, ce sont les îles qui sont les plus affectées par les extinctions. L’exploitation humaine, la déforestation et le braconnage cumulés au changement climatique ont des conséquences terribles qui se mesurent souvent bien après. En effet, il faut de nombreuses années avant de pouvoir confirmer avec certitude l’extinction d’une espèce, ce qui laisse un délai cynique “d’attente de confirmation”. Les chercheurs alertent sur le fait qu’il y aurait, au final, un bilan d’espèces menacées disparues bien plus lourd que prévu : quatre fois supérieur au nombre officiel de végétaux publié par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Par Benjamin Cabiron, le
Source: Trust My Science
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