Comme beaucoup de domaines scientifiques, la médecine s’est enrichie des travaux de nombreux pionniers. L’un d’eux, le docteur Evan O’Neill Kane, s’est particulièrement distingué en s’opérant lui-même, et ce à plusieurs reprises. SooCurious vous présente l’histoire de ce médecin hors norme.
En 1921, Evan O’Neill Kane avait déjà 60 ans et une longue expérience de la chirurgie. Mais cette année-là, alors qu’il était atteint d’une crise d’appendicite, le médecin se vit contraint de devenir le patient et de prendre place, à son tour, sur la table d’opération.
Une douleur à l’appendice via Shutterstock
Pour réaliser son appendicectomie, soit l’ablation d’une excroissance intestinale, Evan O’Neill Kane remit sont sort entre les mains de son frère, Thomas. Du moins dans un premier temps. Car à quelques secondes de la première incision, le patient se rétracta, désireux de retrouver son statut médical.
Fort d’une expérience précédente qui l’avait vu s’amputer son propre doigt infecté, deux ans plus tôt, le chirurgien prit les choses en main, s’administrant lui-même l’anesthésie locale, un mélange de cocaïne et d’adrénaline.
Une opération chirurgicale via Shutterstock
Une fois quelques oreillers installés dans son dos afin qu’il puisse observer ses propres gestes, Evan O’Neill Kane commença l’opération, la même qu’il avait déjà réalisée sur des milliers de patients auparavant. En chirurgien d’expérience, le sexagénaire maitrisa son sujet, offrant tout de même une petite frayeur à l’équipe qui l’entourait.
Car en voulant se redresser, position d’auto-opération oblige, le médecin éjecta de son ventre une petite partie de son intestin. Une fois l’organe remis en place par un assistant médusé, l’opération se poursuivit sans accroc.
Une opération chirurgicale via Shutterstock
Finalement, au terme d’une demi-heure incroyable, le médecin pennsylvanien acheva son oeuvre, une de celles qu’on ne voit pas tous les jours. Son exploit, justement, Evan O’Neill Kane le décrivit au New York Times, quelque temps plus tard, comme une preuve que ce type d’opération « pouvait être réalisée sans recours à une anesthésie générale », ce qui impliquait de pouvoir « sauver de nombreux individus qui subissent des défaillances cardiaques ou ont d’autres sérieux problèmes sous anesthésie générale ».
Onze ans plus tard, et fort de cette auto-appendicectomie réussie, l’homme retenta une autre expérience du genre, cette fois-ci pour s’opérer d’une hernie inguinale, une grosseur de la peau de l’aine qui survient lorsque l’intestin sort de son emplacement habituel. Et même si, cette fois encore, Evan O’Neill Kane réussit son pari, cette entreprise risquée l’affaiblit considérablement. Trois mois plus tard, et après avoir marqué son domaine d’expertise de son empreinte, il décéda finalement d’une pneumonie.
L’histoire d’Evan O’Neill Kane est exceptionnelle, même si on ne saurait dire si elle relève de la folie, du courage ou de l’égocentrisme. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que ce chirurgien d’exception aura marqué la médecine par son audace. Si ce type d’anecdotes incroyables vous intéresse, découvrez la surprenante histoire de ces deux frères rescapés du Titanic dont personne ne connaissait l’identité.
Par Maxime Magnier, le
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