Tout comme la plupart des réformes engagées par le gouvernement d’Édouard Philippe, la nouvelle réforme du baccalauréat et des lycées divise et suscite l’indignation de plusieurs enseignants et lycéens. Plusieurs professeurs auraient été accusés de vouloir perturber le bon déroulement des nouvelles épreuves du bac et auraient été menacés de sanctions en conséquence. Ces derniers fustigent une “criminalisation de l’action syndicale” anormale dans la mesure où chacun a des droits syndicaux.
DES ENSEIGNANTS SANCTIONNÉS DANS DIFFÉRENTES ACADÉMIES
Beaucoup de professeurs sont en effet contre cette nouvelle réforme. La principale raison de ce rejet par les employés de l’Éducation nationale est que ces derniers estiment qu’elle génère de grandes inégalités, dans la mesure où les conditions de passation sont inégales selon les lycées et les professeurs. En outre, ils regrettent le manque de préparation adaptée à ces épreuves. Certains se sont donc mis en grève ou ont entamé des actions dans le but d’en perturber la passation, en signe de protestation.
Un enseignant dans le Tarn-et-Garonne a reçu un courrier du recteur de Toulouse après avoir pénétré dans l’enceinte de son propre établissement lors du blocage des épreuves communes du contrôle continu. Le rectorat a estimé qu’il avait failli à ses obligations, un courrier lui a donc rappelé “les obligations statutaires de neutralité et de dignité des fonctionnaires et l’article du code pénal qui punit d’un an d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende l’intrusion dans un établissement scolaire dans le but d’[en] troubler la tranquillité ou le bon ordre ». Ce courrier, qui a également été reçu par une quinzaine d’autres enseignants, les indigne. En effet, ces derniers déclarent : « On n’a insulté personne. On a tous très peur, et on ne se sent plus du tout respectés dans nos opinions. »
Certains enseignants du lycée Alphonse-Daudet de Nice avaient refusé d’organiser les épreuves du contrôle continu. Le responsable local du SNES-FSU, syndicat le plus important des employés du second degré, déclarait que ses collèges avaient répondu qu’ils “s’étaient mis en grève et que ce droit les protégeait. A la suite de ça, le rectorat a renoncé à engager des sanctions disciplinaires.” L’académie d’Aix-Marseille a de son côté envoyé un courrier aux proviseurs en les incitant à rappeler à leurs professeurs « avec pédagogie mais si besoin avec fermeté les sanctions (qu’ils encouraient)” s’ils entraient dans “une logique de rébellion qui est la négation complète du statut de fonctionnaire ».
À Clermont-Ferrand, l’Éducation nationale a même déposé une plainte contre des professeurs et des étudiants du lycée Blaise Pascal, qui ont été entendus par la police sous le régime de l’audition libre après avoir participé au blocage de leur lycée, et ce, dans le cadre d’une enquête ouverte pour « infraction d’intrusion non autorisée dans un établissement d’enseignement ». D’autres auditions sont prévues dans les jours à venir. L’affaire pourrait aller jusqu’au tribunal si les personnes « refusent de s’expliquer ».
LES RÉACTIONS DES PROFESSEURS ET DES SYNDICATS
Le membre fondateur du syndicat SUD, Didier Pagès, enseigne en institut médico-éducatif. Il n’est pas surpris par sa convocation au commissariat. Toutefois, cela ne rend pas les choses plus acceptables : selon lui, l’Éducation nationale a une véritable volonté de faire des exemples.
D’autres professeurs encore sont sous le choc d’une plainte portée contre eux par leur proviseur à Montbrison, qui les accuse de vol tout simplement parce qu’ils avaient organisé “une rétention de copies” à l’issue des épreuves. Quand bien même la plainte a été classée sans suite, elle indigne tout de même les treize enseignants concernés. L’un d’entre eux a déclaré au Monde : « Vous imaginez, pour un enseignant, ce que ça signifie d’être accusé de vol ? On a voulu marquer le coup, symboliquement, en gardant les copies quelques heures, justement pour ne pas pénaliser les élèves en faisant grève le jour de leurs épreuves. La réponse est disproportionnée.” Le rectorat de Lyon se place du côté de la proviseur et prévoit des sanctions, car il estime que la « rétention des copies est constitutive d’une faute professionnelle ».
Une intersyndicale enseignante CGT-FO-SNES-SUD a également fustigé des « pressions » et des « menaces » à l’encontre des enseignants et lycéens opposés à la tenue des épreuves de contrôle continu, et une « criminalisation de l’action syndicale ». Nous pouvons penser qu’il est anormal que les enseignants risquent des sanctions pour avoir exprimé leurs opinions.
Mais toutes ces sanctions font partie d’un climat global de punition à l’égard des enseignants : le ministère de l’Éducation nationale a en effet confirmé des retenues sur salaire pour 4 000 enseignants qui avaient participé à la « grève des notes » du bac 2019. Ces derniers avaient par exemple refusé de corriger les copies ou de faire remonter les notes.
Par Jeanne Gosselin, le
Source: Le Monde
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Catégories: Actualités, Société
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Pas dégraissé le mammouth.
La violence psychologique fait aussi partie de cette guerre mondiale actuelle
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C’est beau la démocratie
Nous, professeurs, sommes des spécialistes des enseignements et nos dirigeants, eux ne le sont pas : ils ne nous écoutent pas et sont préts à » nous tirer dessus » … le plus dur reste à faire, comme la discution n’est pas possible, il nous reste qu’à déposer notre savoir dans la rue !