Il y a deux millions d’années en Afrique, plusieurs espèces ressemblant à des créatures humaines faisaient partie du paysage. Certaines étaient quelque peu similaires entre elles alors que d’autres possédaient des caractéristiques distinctes. Mais pourquoi sommes-nous la seule espèce à avoir survécu ? Le DGS va tenter de répondre à cette question.

Pour commencer, il est important de souligner que l’extinction est une étape normale de l’évolution. En ce sens, ce n’est donc pas une surprise si certains hominidés ont disparu avec le temps. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut penser qu’il n’y avait de la place que pour une seule espèce humaine, bien au contraire.

Pourquoi-sommes-nous-seule-espece-humaine-2Nous allons tenter de suivre quelques indices qui permettraient d’expliquer pourquoi nos ancêtres ont mieux résisté que les autres espèces. À l’heure actuelle, nos plus proches parents vivants sont les grands singes et comprennent donc les chimpanzés, les bonobos, deux espèces de gorilles ainsi que deux espèces d’orang-outan.

Il y a plusieurs millions d’années de cela, un grand nombre d’espèces d’hominidés vivaient côte à côte et mangeaient principalement des plantes. Mais avec le temps, les hominidés se sont éloignés des forêts pour se diriger vers des savanes beaucoup plus sèches et c’est ainsi qu’ils sont devenus de plus en plus carnivores. Le problème était que les animaux qu’ils chassaient avaient également moins de plantes à manger donc dans l’ensemble il y avait beaucoup moins de nourriture pour tout le monde. Ce problème a amené certaines espèces à leur propre extinction.

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IL Y A 30 000 ANS, 4 ESPÈCES HUMAINES PEUPLAIENT LA TERRE

Il y a 30 000 ans, notre espèce partageait encore la planète avec trois autres espèces d’hominidés : l’homme de Néandertal en Europe et Asie occidentale, l’hominidé de Denisova en Asie et l’homme de Florès de l’île de Florès en Indonésie, également surnommé « hobbit ». Les hommes de Florès se seraient éteints il y a environ 18 000 ans. D’après des études géologiques de la région, ils auraient été décimés par une grande éruption volcanique qui ne leur aurait laissé aucune chance de survie. Quant aux hominidés de Desinova, nous n’en savons pas assez sur cette espèce pour connaître les véritables raisons de leur disparition.

Aujourd’hui, tout ce qu’il nous reste d’eux sont deux dents et le petit os d’un doigt ! En revanche, nous en savons beaucoup davantage sur les hommes de Néandertal car nous les étudions depuis plus longtemps et nous possédons de nombreux fossiles. La seule solution qui se présente à nous pour comprendre pourquoi nous sommes la seule espèce humaine restante aujourd’hui est de chercher pourquoi et comment ils se sont éteints.

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Crâne d’un homme de Florès

Les hommes de Néandertal ont survécu en Europe bien avant que les hommes modernes s’y installent et suffisamment longtemps avant eux pour s’adapter parfaitement au climat. Déjà très évolués, ils portaient des vêtements chauds, étaient de redoutables chasseurs et possédaient des outils en pierre sophistiqués. Mais lorsque l’Europe a dû faire face à des changements climatiques rapides, l’homme de Néandertal a rencontré de gros problèmes pour s’adapter à cette évolution brusque.

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Le climat, devenu plus froid, a totalement chamboulé le paysage dans lequel ils avaient leurs petites habitudes. Beaucoup plus aptes à chasser dans des lieux boisés, leurs techniques de chasse n’étaient plus du tout adaptées. Quant aux hommes modernes, ils étaient bien moins bons chasseurs que les Néandertaliens mais grâce à leur capacité d’adaptation rapide, ils ont commencé à chasser une plus grande variété d’espèces animales pour survivre. Ils se mirent alors à chasser aussi bien de gros gibiers que de plus petites proies comme des lièvres et des lapins.

John Stewart, de l’Université de Bornemouth, y voit une explication très simple : « L’homme moderne semblait pouvoir accomplir plus de choses quand il était sous pression », explique-t-il. Ainsi, son aptitude remarquable à innover et à s’adapter peut également expliquer pourquoi l’espèce moderne a tout simplement remplacé l’homme de Néandertal aussi rapidement.

Un homo sapiens à l'âge du métal
Un homo sapiens à l’âge du métal

L’homme moderne ne possédait pas seulement une capacité à s’adapter facilement, il possédait également un autre talent indéniable qui l’a aidé à dépasser les autres espèces, à savoir la maîtrise de l’art symbolique. En effet, peu de temps après que l’homme moderne a quitté l’Afrique, certaines preuves mettent en évidence qu’il pratiquait une certaine forme d’art. Des archéologues auraient trouvé des bijoux, des ornements, des représentations d’animaux et même des instruments de musique.

L’ART, UNE PARTIE ESSENTIELLE DE L’IDENTITÉ DE L’HOMME MODERNE

L’un des exemples les plus frappants est une petite sculpture en bois d’un homme-lion retrouvée dans une grotte en Allemagne. Des sculptures similaires datant de la même période ont été retrouvées partout ailleurs en Europe. Cette capacité suggère un véritable partage d’informations, plutôt que de garder pour eux leurs connaissances, les différents groupes culturels des nombreuses régions pouvaient échanger leurs savoirs. L’art semble être une partie essentielle de l’identité de l’homme moderne et a permis de réunir les différents groupes. En d’autres termes, les symboles et l’art auraient pu servir de moyen actif de sociabilisation.

À l’opposé, l’homme de Néandertal ne semblait pas avoir besoin d’art ou de symboles alors que pour l’homme moderne, l’échange d’informations symboliques a été crucial pour sa réussite personnelle et sa survie. Ainsi, par ce processus, chaque nouvelle technique ou idée devenait immortelle en étant transmise de génération en génération. Les scientifiques supposent que c’est également ainsi que le langage s’est développé et propagé.

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Notre « gros cerveau » a-t-il joué un rôle particulier ? Nous a-t-il permis de nous distinguer des hommes de Néandertal ? Peut-être, mais il faut savoir que même si le cerveau de l’homme de Néandertal était plus petit que ceux des hommes modernes, il était tout de même tout à fait proportionnel à leur corps. Ainsi, la plupart des anthropologues sont assez sceptiques concernant la théorie du « gros cerveau ». Pour trouver une réponse adéquate, Jean-Jacques Hublin, de l’Institut Max-Planck d’anthropologie évolutive, a cherché du côté de la génétique.

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Un homme de Néandertal

Sa théorie est très simple : notre comportement et nos conditions de vie changent notre condition génétique. Pour prendre un exemple plus parlant, il faut savoir que les Européens ont développé avec le temps une tolérance au lactose parce que leurs ancêtres ont inséré des produits laitiers dans leur alimentation. Les changements génétiques peuvent également survenir lorsque des populations sont confrontées à des maladies dévastatrices. C’était le cas notamment au XIVe siècle avec la peste noire qui a totalement changé les gènes des survivants.

C’est ainsi qu’Hublin explique que les hommes modernes auraient bénéficié de changements génétiques clés. Au début de leur existence, ils se comportaient de la même manière que les Néandertaliens, puis au fil du temps quelque chose a poussé ce changement et c’est ainsi qu’ils se sont distingués des autres espèces.

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Pourtant, il est certain que pendant des dizaines de milliers d’années les hommes modernes et les autres hominidés se comportaient de manière similaire. Les chercheurs soulignent donc que n’importe lequel d’entre eux aurait pu prendre la place que nous occupons aujourd’hui. Mais notre espèce s’est énormément développée et distinguée, c’est ainsi que les autres se sont retirées jusqu’à disparaître pour toujours.

Si toutes ces théories sont véridiques, nous devrions remercier notre créativité car sans elle, nous n’aurions peut-être pas survécu. Mais il ne faut pas ignorer une autre supposition : la possibilité du simple et pur hasard. Si ce domaine vous intéresse, découvrez sans plus attendre le lac Turkana, ce site qui a permis d’élucider d’importants mystères sur notre évolution.

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Flo
Flo
3 années

Je ne comprends pas votre article… Aucune espèce n’a vraiment disparu, ni est apparue comme par magie… Par exemple, on aurait tous 1,5 à 2% de gène Néandertal. Normal vu qu’ils ont longtemps cohabité, comme beaucoup d’espèces humaines (plus de 20 depuis 7 millions d’années). Il y a eu des… Lire la suite »