La récente découverte des restes d’une femme enterrée avec un diadème en argent et d’autres objets précieux en Espagne suggère que les femmes auraient été amenées à gouverner durant l’âge du bronze.
Une société antique loin d’avoir livré tous ses secrets
La culture argarique tire son nom d’El Argar, premier site archéologique à avoir révélé des preuves de cette société antique ayant dominé le sud-est de l’Espagne entre 2200 et 1550 avant J.-C. Bien que celles-ci aient été mises au jour à la fin du 19e siècle par l’ingénieur devenu archéologue Luis Siret et son frère Henri, la guerre civile espagnole (1936-1939) et la dictature militaire qui s’ensuivit ont entrainé l’arrêt des recherches pendant de longues décennies.
Depuis plusieurs années, Roberto Risch et ses collègues de l’université autonome de Barcelone fouillent le site argarique de La Almoloya, abritant les vestiges d’une ancienne structure, peut-être un palais ou un parlement, où se tenaient d’importantes réunions. « C’était un bâtiment comprenant une salle où 50 à 55 personnes pouvaient se retrouver pour échanger ou assister à un discours », explique Risch. « L’absence de traces de nourriture ou d’artefacts religieux suggère qu’il ne s’agissait pas d’un foyer ou d’un temple. »
L’équipe a trouvé les squelettes d’une femme et d’un homme à l’intérieur d’une très grande jarre ovoïde enterrée sous la salle. Tous deux possédaient une multitude d’objets funéraires, « ce qui suggère qu’ils occupaient d’importantes places au sein de la société argarique », explique Cristina Rihuete Herrada, co-auteure de la nouvelle étude, parue dans la revue Antiquity. Bien que les analyses ADN aient confirmé que les deux individus n’étaient pas génétiquement apparentés, elles suggèrent qu’ils étaient peut-être conjoints : tous deux étaient des parents proches d’une enfant en bas âge enterrée sous un bâtiment voisin.
De spectaculaires objets funéraires
Étonnamment, la plupart des objets funéraires, y compris les plus spectaculaires, ont été retrouvés sur la femme. La défunte portait un diadème, deux piercings aux oreilles ainsi que des bracelets, tous en argent, ce qui suggère que celle-ci était la souveraine, tandis que l’homme, qui avait été enterré avec une dague, présentait des lésions caractéristiques des cavaliers ainsi que les stigmates d’une importante blessure au niveau du crâne, laissant penser qu’il s’agissait d’un guerrier.
« On soupçonnait depuis longtemps que les femmes avaient été amenées à occuper la fonction de chef dans la culture argarique », souligne Herrada. « Quatre femmes argariques enterrées avec des diadèmes en argent avaient précédemment été découvertes, mais jusqu’à présent on ignorait s’il s’agissait de souveraines ou d’importantes figures religieuses. C’est la première fois qu’une femme inhumée avec de telles richesses est trouvée dans un bâtiment plus clairement utilisé pour gouverner. »
Par Yann Contegat, le
Source: New Scientist
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