Une équipe internationale d’archéologues sous-marins a localisé trois nouvelles épaves de navires au large des côtes tunisiennes. La première aurait environ deux millénaires, et les deux autres un peu plus d’un siècle.
Des eaux dangereuses
Les découvertes ont été réalisées dans les eaux du banc de Skerki, une zone d’environ 200 milles nautiques située entre les côtes sicilienne et tunisienne. Historiquement, il s’agissait de l’un des canaux de navigation les plus fréquentés au monde, offrant une voie commerciale directe entre la grande ville de Carthage et l’Empire romain. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, l’endroit a également été le théâtre de plusieurs batailles navales.
Pour la première fois, les archéologues ont pu produire une carte bathymétrique détaillée des fonds marins à proximité du récif Keith, considéré comme sa section la plus dangereuse en raison de la présence de reliefs rocheux atteignant presque la surface de l’eau. Un piège invisible à l’origine de nombreux naufrages au fil des siècles.
Les trois épaves ont été localisées à l’aide d’un sonar multifaisceau et étudiées grâce au robot sous-marin Hilarion, déployé depuis le navire de recherche Alfred Merlin. La première était celle d’un grand navire métallique motorisé datant de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle. L’absence de canots de sauvetage suggère que l’équipage ait pu s’échapper du navire avant qu’il ne coule. Mesurant une quinzaine de mètres de long, la seconde était probablement un bateau de pêche ayant sombré à la même époque.
The finds were made in the perilous waters around Keith Reef, between Sicily and Tunisia.https://t.co/5MFWaR3erJ
— IFLScience (@IFLScience) June 12, 2023
La troisième se révèle beaucoup plus ancienne. Selon les archéologues, la présence de fragments d’amphores suggère qu’il s’agissait d’un navire marchand romain transportant probablement du vin. Celui-ci aurait pris la mer entre la fin du premier siècle avant notre ère et le milieu du second siècle de notre ère.
Une mission archéologique d’envergure
Coordonnés par l’UNESCO, ces travaux ont impliqué 28 experts d’Algérie, de Croatie, d’Égypte, de France, d’Italie, du Maroc, d’Espagne et de Tunisie.
« Le patrimoine sous-marin est vulnérable à l’exploitation, au chalutage et à la pêche, au trafic et aux impacts du changement climatique. C’est pourquoi cette mission visait à délimiter la zone précise dans laquelle se trouvent de nombreuses épaves et à documenter tous les artefacts », a expliqué l’organisation dans un communiqué.
Outre ces nouvelles découvertes incroyables, l’équipe a également pu examiner de près d’autres épaves situées plus près de la côte italienne, identifiées par des explorateurs américains dans les années 1990.