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En 10 millions d’années cette comète a croisé près d’une centaine d’étoiles… et pourtant son origine reste floue

Elle file à toute allure à travers notre système solaire, venue d’un autre monde. 3I/ATLAS, troisième visiteur interstellaire jamais observé, intrigue les astronomes. Malgré une enquête galactique sans précédent, son origine reste insaisissable. Et c’est peut-être ce qui la rend encore plus fascinante.

Comète traversant l’espace avec une longue traînée lumineuse bleue sur fond de nébuleuse violette.
Illustration de la comète 3I/Atlas intrigue les chercheurs après avoir changé de cap et émis un gaz inhabituel – DailyGeekShow.com

Une comète interstellaire rapide, massive… et insaisissable

Le 1er juillet 2025, les télescopes du réseau ATLAS ont capté un objet inhabituel : 3I/ATLAS, une comète venue d’un autre système stellaire, traversait notre système solaire à une vitesse record. Elle allait presque deux fois plus vite que ses cousines interstellaires comme ‘Oumuamua ou Borisov.

Avec ses 5,6 km de diamètre et ses 33 milliards de tonnes estimées, 3I/ATLAS est un mastodonte galactique. Le rover Perseverance lui-même aurait capté une image de son passage depuis la surface de Mars. Mais la vraie question, celle que tout le monde se pose : d’où vient-elle ?

Une reconstitution cosmique sur 10 millions d’années… pour un mystère entier

Image télescopique montrant la comète interstellaire au centre d’un champ étoilé
La comète interstellaire repérée au milieu d’innombrables étoiles par les astronomes – Source NASA

Pour le savoir, des chercheurs espagnols de l’Université de La Corogne ont tenté l’impossible : remonter 10 millions d’années d’histoire galactique. En utilisant les données de 13 millions d’étoiles cartographiées par la mission Gaia, ils ont calculé la trajectoire passée de 3I/ATLAS à rebours, comme si l’on remontait un film.

Leur objectif : repérer toutes les rencontres rapprochées avec d’autres étoiles, en particulier celles à moins de 2 parsecs (environ 6,5 années-lumière). Ces survols auraient pu modifier sa trajectoire, voire expliquer son expulsion d’un système stellaire.

Résultat ? 93 rencontres identifiées, dont 62 jugées significatives. Mais aucune, même la plus perturbatrice, ne permet d’expliquer comment la comète est arrivée ici. Le mystère s’épaissit.

Aucune étoile suspecte… mais des indices sur ses origines possibles

L’étoile la plus influente croisée, Gaia DR3 6863591389529611264, n’a provoqué qu’un infime changement de vitesse. Insuffisant pour expliquer une expulsion. Les chercheurs concluent, dans une étude soumise à l’Astrophysical Journal, que rien dans les données actuelles ne permet d’identifier l’origine de 3I/ATLAS.

Cependant, quelques pistes émergent. La comète semble venir du disque mince de la Voie lactée, une région où naissent les étoiles et les planètes. Elle pourrait avoir été éjectée d’un disque planétésimal ou d’un équivalent galactique de notre nuage d’Oort.

Autrement dit, 3I/ATLAS pourrait être un fossile galactique, vieux de plusieurs milliards d’années, errant dans la galaxie depuis les débuts de la formation planétaire. Un témoin muet d’un passé que nous ne savons pas encore déchiffrer.

Ce que 3I/ATLAS nous apprend sur les mystères interstellaires

Pour Pérez Couto, l’un des auteurs, cette comète est bien plus qu’une énigme. Elle incarne une opportunité unique d’étudier les débris issus d’autres systèmes planétaires. Jusque-là, les objets interstellaires étaient des théories. Désormais, ils sont bien réels.

L’échec à retracer l’origine de 3I/ATLAS n’est pas un revers, mais une preuve de la complexité des dynamiques galactiques. Il montre surtout que notre connaissance des mécanismes d’éjection ou de dérive d’objets interstellaires est encore balbutiante.

La recherche continue. De nouveaux modèles, des données plus précises, et surtout d’autres rencontres avec ces vagabonds cosmiques pourraient bientôt permettre d’écrire une nouvelle page de l’histoire galactique.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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