On répète souvent qu’avoir un soutien lorsqu’on traverse une épreuve difficile, notamment une maladie, peut s’avérer très utile. C’est scientifiquement prouvé : l’empathie venant d’autres personnes diminue la perception de notre douleur.
Une étude confirme le rôle de l’empathie dans la perception de la douleur
L’équipe Neuropain de l’Inserm, le célèbre institut de recherche français, a mené cette nouvelle étude. Elle a été publiée dans la revue Science Report. L’expérience menée par l’équipe s’est déroulée en deux étapes. Les volontaires pour l’étude, sains, étaient soumis à des stimulations douloureuses tout en écoutant des messages prononcés par des “soignants” (il s’agissait de comédiens). Ces derniers devaient prononcer des phrases neutres, empathiques ou non empathiques. Les sujets devaient ensuite estimer le degré de souffrance ressentie en fonction de ce qu’ils entendaient. La conclusion est simple : les phrases pleines d’empathie diminuent la souffrance ressentie d’environ 12 %.
La seconde étape visait à comprendre comment, concrètement, les commentaires agissaient sur le cerveau. C’est pourquoi les volontaires ont été installés dans un tunnel d’IRM fonctionnelle tout en étant stimulés douloureusement (comme lors de la première étape). Ils entendaient les même types de commentaires que lors de la première expérience (neutres, avec ou sans empathie).
Les réseaux cérébraux stimulés et activés ont pu, grâce à l’IRM, être détectés. Camille Fauchon, codirectrice de l’étude, explique que certaines régions (notamment liées à la mémoire, l’attention, la conscience de soi) “donnent tout le relief à la sensation douloureuse en intégrant des dimensions cognitives, émotionnelles ou liées au contexte”. Conclusion : l’attitude empathique dont faisaient preuve les “soignants” a permis de “changer la perception douloureuse via le recrutement de réseaux cérébraux de haut niveau”, selon Camille Fauchon.
La nécessité d’être entouré de personnes capables d’empathie est réelle
Cette expérience montrait donc qu’entendre des commentaires pleins de bienveillance et d’empathie permettait d’atténuer le ressenti d’une douleur. Il est aussi intéressant de noter que les comédiens recrutés pour l’étude jouaient le rôle de soignants. Ainsi, on peut également supposer que l’impact des paroles d’une équipe médicale est crucial pour un patient en souffrance. Cela corrobore l’étude très récente qui montre que la compassion du personnel médical joue un rôle crucial pour les personnes atteintes de VIH. Mais l’empathie venant des proches d’une personne en souffrance peut être aussi importante.
Toutefois, de nombreux spécialistes estiment que l’empathie n’est pas accessible à tout le monde. Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste, explique lors d’un entretien accordée à Sciences humaines que la capacité d’empathie peut varier selon le sexe (les femmes ont une capacité supérieure par rapport aux hommes), mais également de facteurs tels que l’éducation. Il évoque également les dangers liés à la capacité d’empathie, qui peut conduire à manipuler autrui plutôt qu’à le soutenir.
Ainsi, il faut avoir de l’empathie lorsque cela nous est possible, mais également savoir apporter un soutien bienveillant sans en attendre en retour.
Par Yasmine Amimoussa, le
Source: Sciences et Avenir
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