Elon Musk vient de lancer Grokipedia, une encyclopédie créée par intelligence artificielle pour corriger, selon lui, les biais de Wikipédia. Mais cette alternative « anti-woke » fait déjà beaucoup parler d’elle. Elle édulcore certaines pages, met en avant des personnalités controversées et manque cruellement de transparence. Derrière les belles promesses, un outil qui inquiète. Peut-on vraiment lui faire confiance ?

Grokipedia dit viser la neutralité, mais renforce d’autres biais
Sur le papier, l’ambition est claire : créer une encyclopédie libérée des « biais de gauche » que Musk reproche à Wikipédia. Pour cela, il mise sur son IA, Grok, censée proposer une vérité plus équilibrée.
Mais dès qu’on explore les premières pages, quelque chose cloche. Donald Trump, J. K. Rowling ou encore Robert F. Kennedy Jr. y apparaissent sous un jour très favorable. Le site minimise les démêlés judiciaires de Trump, reformule en douceur les propos transphobes de Rowling et passe sous silence les positions antivax de Kennedy Jr.
Autrement dit, Grokipedia ne supprime pas les biais : elle les inverse. Musk et son équipe imposent leur vision, loin de la neutralité affichée. Résultat : au lieu de rétablir un équilibre, l’outil remplace un angle de vue par un autre.
Une copie visuelle de Wikipédia, sans innovation réelle
Autre point frappant : l’interface de Grokipedia ressemble énormément à celle de Wikipédia. Même structure, même organisation, seule la couleur sombre change. Certaines pages reprennent même des paragraphes entiers du site d’origine.
Une mention discrète indique : « contenu adapté de Wikipédia sous licence CC-BY-SA 4.0 ». Cela soulève une question simple : pourquoi clamer vouloir créer une alternative radicalement différente tout en copiant l’existant ?
Grokipedia semble plutôt reconditionner du contenu déjà disponible pour le faire coller à une ligne idéologique. Un recyclage plus qu’une innovation.
Une IA qui décide de tout, sans contrôle collectif
Contrairement à Wikipédia, Grokipedia ne permet pas au public de modifier les articles. Seule l’IA Grok décide de ce qui est publié. Et surtout, on ne sait rien des critères utilisés. Qui supervise ? Qui peut contester une information ?
Wikipédia fonctionne grâce à une communauté active et transparente. Chaque modification est visible et peut être discutée. À l’inverse, Grokipedia verrouille le contenu derrière une IA contrôlée par Musk.
Ce manque de transparence empêche toute vérification indépendante. On ne sait pas d’où viennent les infos, ni pourquoi elles sont présentées de telle ou telle manière. Résultat : la confiance s’effondre rapidement.
Pour les utilisateurs, pas vraiment de valeur ajoutée
Aujourd’hui, Grokipedia n’apporte pas grand-chose au grand public. Le contenu reste orienté, les sources sont floues, la méthode manque de clarté. Musk promet une version 1.0 bien meilleure, mais cette version 0.1 déçoit.
En comparaison, Wikipédia garde de solides atouts : une richesse de contenu, une transparence des processus et une ouverture au débat. Grokipedia impose une vision unique, sans possibilité de discussion ni de remise en question.
En résumé, Grokipedia aurait pu être une avancée dans le monde des encyclopédies. Mais en l’état, elle ressemble surtout à un outil politique. Une encyclopédie n’est pas là pour prendre parti. Elle doit aider chacun à mieux comprendre le monde. Pour l’instant, mieux vaut continuer à faire confiance à Wikipédia.
Par Eric Rafidiarimanana, le
Catégories: Technologie, Robots & IA