De récentes analyses menées dans l’un des parcs nationaux du Mozambique ont démontré que la part d’éléphants naissant sans défenses avait augmenté significativement ces dernières années. Selon les biologistes, il s’agirait d’une conséquence directe de la hausse du braconnage. Explications.
Une conséquence directe du braconnage en Afrique
Principales victimes animales de la guerre civile qui secoua le pays de 1976 à 1992, les éléphants du Mozambique étaient chassés pour leur défenses d’ivoire, revendues à prix d’or, et leur chair, utilisée pour nourrir les combattants. À la fin du conflit, 49 % des pachydermes survivants évoluant dans le Parc national de Gorongosa étaient nés sans défenses, une particularité physique qui leur avait permis d’échapper aux mutilations. À l’heure actuelle, les biologistes estiment que plus de 32 % des femelles de Gorongosa naissent sans cet attribut, contre 2 à 4 % avant le début de la guerre civile.
Comme l’a précisé la biologiste Joyce Poole : « Les défenses d’un éléphant mâle sont plus grosses et plus lourdes que celles d’une femelle du même âge. Mais une fois que la population a subi une forte pression de braconnage, les braconniers ont commencé à se concentrer également sur les femelles plus âgées. Avec le temps et la population qui prend de l’âge, nous commençons à voir cette proportion très élevée de femelles sans défenses ». Un triste phénomène se produisant également dans d’autres régions du continent africain ayant connu d’importants épisodes de braconnage.
Ne pas avoir de défenses est un véritable avantage biologique face aux braconniers. Au Mozambique, un tiers des jeunes femelles nées après la fin de la guerre en 1992 n’ont jamais eu de défenses.https://t.co/glgpbLyqEU
— National Geographic (@NatGeoFrance) 13 novembre 2018
Un moyen de défense « biologique » pour les éléphants
En 2015, une étude réalisée au Kenya avait montré que le braconnage affectait également la taille moyenne des défenses des pachydermes. Ainsi, les animaux ayant survécu à la vague de chasse ayant sévi dans le pays à la fin des années 1970 possédaient des défenses plus courtes, une particularité physique que l’on retrouvait également chez leur progéniture née après 1995. Pour Patrick Chiyo, auteur principal de l’étude : « Bien que nos preuves du rôle de la génétique sur la taille des défenses soient indirectes, d’autres recherches ont montré que la taille des incisives – homologue aux défenses des éléphants – était héréditaire chez certaines espèces et avait une influence génétique substantielle ».
Reste désormais à quantifier l’impact exact de cette absence de défenses sur la santé et le comportement des éléphants (celles-ci leur permettant notamment de creuser le sol pour s’abreuver et de se défendre face à des rivaux). Pour certains biologistes, ces changements de comportement à grande échelle pourraient entraîner des modifications de la répartition des éléphants en Afrique, qui auraient une incidence néfaste sur le reste de l’écosystème. Les chercheurs espèrent toutefois que la récente interdiction du commerce de défenses d’ivoire en Chine et aux États-Unis limitera le braconnage et permettra l’augmentation des populations d’éléphants avec défenses dans les années à venir.
Par Yann Contegat, le
Source: Trust My Science
Étiquettes: afrique, braconnage, défenses, éléphants, mozambique
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