Amplifiée par les rejets de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, l’acidification des océans a des conséquences terribles pour la faune marine. Elle entraîne notamment la dissolution de la carapace des crabes dans le Pacifique.
L’acidité des océans dissout la coquille de crabes et ralentit leur croissance
Depuis le début de la révolution industrielle, les activités d’origine humaine ont rejeté environ 2 000 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, et l’océan en a absorbé environ 25 %. Cette surabondance de gaz à effet de serre ne réchauffe pas seulement les océans, mais modifie également la chimie de l’eau, en l’acidifiant progressivement et en réduisant la concentration des éléments indispensables au développement de nombreuses espèces marines. Et comme le montre cette nouvelle étude présentée dans la revue Science of the Total Environment, ce phénomène semble avoir un impact particulier sur les crabes.
Dans le cadre de ces travaux financés par la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), les scientifiques ont étudié une cinquantaine de jeunes spécimens de crabes de Dungeness (ou Metacarcinus magister) prélevés sur 10 sites situés le long de la côté Pacifique nord-américaine. Et il s’est avéré que la plupart des spécimens recueillis à proximité immédiate des côtes, où les eaux ont tendance à être plus acides, étaient bien plus impactés que ceux récupérés plus au large : l’acidité avait dissous leur coquille, ralenti leur croissance et, dans certains cas, endommagé les minuscules organes sensoriels qui aident les crustacés à se déplacer et à chercher de la nourriture.
Des conséquences terribles pour l’ensemble de la vie marine
Les chercheurs ont conclu que l’acidification entraînait une réduction de la taille des larves et fragilisait leur enveloppe. Plus vulnérables face aux prédateurs, ces dernières étaient par conséquent moins susceptibles de survivre et d’atteindre la maturité. « L’état de ces crabes, qui représentent une source importante de nourriture pour les humains et les autres créatures marines, illustre les graves répercussions de ce phénomène », précise la chercheuse Nina Bednarsek, auteure principale de l’étude.
Réalisées à l’aide de différentes méthodes, incluant la microscopie et la spectroscopie à rayons X (qui permet de déterminer la composition chimique d’un objet), les analyses menées ont montré que ces effets étaient plus graves chez les spécimens ayant vécu plus d’un mois dans des eaux côtières acides. Selon les chercheurs, les eaux plus acides contiennent moins d’ions carbonate, qui constituent les « bases moléculaires » indispensables à la formation de la carapace des crustacés et au développement des coraux et des mollusques.
« Si nous n’agissons pas rapidement, l’impact de l’acidification des océans sur de nombreuses espèces marines pourrait menacer l’équilibre de l’ensemble de la chaîne alimentaire », concluent les chercheurs. Une nouvelle fois, le seul moyen de limiter ce phénomène reste de réduire drastiquement nos émissions de CO2.
Par Yann Contegat, le
Source: Live Science
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