Vous vous en êtes peut-être déjà rendu compte mais peu de femmes sont reconnues pour avoir contribué à la recherche scientifique. Pourtant, les femmes ont en réalité, grandement contribué au progrès scientifique. Cette minimisation de l’implication des femmes scientifiques dans la recherche porte un nom, c’est l’effet Matilda. Coup de projecteur sur ce phénomène peu connu mais très répandue.
L’effet Matilda, peu connu mais très répandu !
L’effet Matilda, c’est le fait de minimiser la contribution des femmes scientifiques au profit de leurs homologues masculins. Cela vous semble injuste et sans fondement ? Vous avez raison. Pourtant, c’est une pratique courante. Plusieurs femmes se sont en effet faite voler allègrement prix Nobel, récompenses mais surtout notoriété due à leur découverte.
Certains hommes s’emparent des découvertes faites par des femmes scientifiques et ne sont pas vus inquiétés par la communauté scientifique. Un constat qui ne date pas d’hier malheureusement.
Cet effet a été mis en évidence par Margaret Rossiter en 1993. Son observation découle d’une autre observation faite par Robert King Merton. Il avait remarqué que certaines personnes sont reconnues au détriment de leurs collaborateurs qui, sont en réalité à l’origine de la découverte.
Margaret se rend compte que cet effet dit Matthieu est plus important lorsqu’il concerne des femmes scientifiques. Elle met en lumière alors l’effet Matilda, du nom de la militante féministe Matilda Joslyn Gage.
Des exemples par centaines
Rosalind Franklin est un bel et triste exemple de l’effet Matilda. Ses recherches déterminantes sur la structure de l’ADN aurait dû lui valoir un prix Nobel, ce sont pourtant Francis Crick et James Watson qui le reçoivent. Ce dernier ose même dans son livre La Double Hélice, minimiser le rôle de Rosalind la décrivant comme une personne « acariâtre ». Aaron Klug poursuivra les travaux de Rosalind sur la structure des virus et recevra lui le Prix Nobel de Chimie à sa place.
Un exemple bien ancien datant du Moyen Âge est celui de Trotula de Salerne. Trotula était chirurgienne et enseignante à l’école de médecine de Salerne en Italie. Son traité « Le Soin des maladies des femmes » est un ouvrage de référence sur la gynécologie mais pourtant, il a été attribué à des hommes.
UN PHÉNOMÈNE QUI S’EST RÉPÉTÉ DE NOMBREUSES FOIS AU COURS DE L’HISTOIRE
Esther Lederberg travaillait avec son mari Joshua Lederberg. A l’origine de nombreuses découvertes sur l’accouplement des bactéries, c’est pourtant son mari qui obtient le prix Nobel de Médecine.
Autre exemple révoltant de cette tendance : alors qu’elle n’est qu’étudiante, Jocelyn Bell Burnell découvre le premier pulsar. Cependant, le comité Nobel décide de ne pas la récompenser pour la simple raison qu’elle n’est qu’étudiante. A la place, c’est son directeur de thèse, Antony Hewish, qui est récompensé. Aujourd’hui âgée de 75 ans, l’astrophysicienne a reçu le « Breakthrough Science Prize » en physique fondamentale pour son implication dans la découverte des premiers pulsars radio. Bien trop d’années plus tard…
Nettie Maria Stevens était une brillante généticienne américaine. C’est elle qui a découvert que le sexe de l’enfant était déterminé par les chromosomes ! Une découverte que son mentor, Thomas Hunt Morgan s’est accaparé et qui lui a permis d’obtenir le prix Nobel. Thomas Hunt Morgan gagne en notoriété grâce à ces recherches alors que Nettie est bien trop vite oubliée.
Maintenant que vous connaissez l’effet Matilda, n’oubliez pas ces femmes scientifiques talentueuses qui se sont vues reléguer au second plan. Leurs recherches ont contribué à faire grandement avancé la science ! Et si vous souhaitez (re)découvrir 36 femmes scientifiques d’exception qui ont marqué à jamais notre monde, c’est par ici !