L’annonce n’est pas encore officielle mais selon ABC News et le site Axios, le président américain Donald Trump devrait annoncer dès ce soir qu’il retire son pays de l’Accord de Paris sur le climat. On vous explique en quoi consiste exactement cet accord et quelles seraient les conséquences d’un retrait des Etats-Unis sur l’avenir de notre planète.
LE PREMIER ACCORD UNIVERSEL SUR LE CLIMAT
L’Accord de Paris est le résultat de la COP21 qui s’est tenue à Paris en 2015. L’accord a été signé par 175 parties (174 pays et l’Union Européenne), ce qui en fait le premier accord universel sur le climat. Pour entrer en vigueur, le traité devait être ratifié par 55 signataires représentant 55 % des émissions de gaz à effet de serre. Ce palier a été atteint en octobre 2016 et l’accord est entré en vigueur le 4 novembre dernier. A ce jour, seuls la Syrie et le Nicaragua n’ont pas signé cet accord. Quant aux Etats-Unis, ils l’ont ratifié le 3 septembre 2016.
DES ENGAGEMENTS FORTS CONTRE LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE
Parmi les grands axes de l’Accord de Paris, les pays signataires s’engagent à contenir le réchauffement climatique « bien en dessous de deux degrés par rapport aux niveaux préindustriels » et si possible de viser à « poursuivre les efforts pour limiter la hausse des températures à 1.5 degrés ». L’accord fait aussi référence au désinvestissement des énergies fossiles et réaffirme l’objectif d’atteindre la neutralité carbone.
Les Etats-Unis qui sont donc encore pour le moment signataires de cet accord, ont aussi déposé en mars 2015 une contribution nationale volontaire auprès de la Convention de l’ONU sur le changement climatique. Dans ce texte, le pays s’engage à réduire de 26 à 28 % ses émissions pour 2025 par rapport à 2005. Il prévoit aussi d’atteindre une réduction de 80 % pour 2050. Mais le pays pourrait donc quitter l’Accord de Paris. Pour cela Trump a deux solutions : en douceur en suivant un processus progressif de 3 ans ou de la manière forte en quittant la Convention de l’ONU. Une décision qui rendrait alors caducs tous les accords sur le climat signés par le pays depuis 25 ans et le libérerait donc de toute contrainte en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.
TRUMP EN GUERRE CONTRE LES POLITIQUES ÉCOLOGIQUES
Si Invanka Trump, son mari Jared Kushner ou le secrétaire d’Etat Rex Tillerson seraient pour le maintient des Etats-Unis dans l’Accord de Paris, le reste de l’équipe qui entoure le président américain affiche une certaine méfiance vis-à-vis des politiques écologiques. Trump lui même a annoncé dès sa campagne présidentielle sa volonté de quitter l’accord. Depuis son élection, il a pris de nombreuses mesures contre les avancées réalisées par l’administration Obama dans le domaine de l’écologie.
Trump a notamment réduit de plus de 30 % les budgets alloués à l’Agence de protection de l’environnement et a placé à sa tête Scott Pruitt, personnalité connue pour son positionnement climato-sceptique. Dans le même temps, le nouveau président est aussi revenu sur le Clean Power Plan, une réforme qui visait à forcer les industriels des énergies fossiles à réduire leurs activités nocives pour l’environnement et à se reconvertir dans la transition énergétique. Quitter l’Accord de Paris serait donc pour Trump une manière de continuer la politique qu’il mène dans ce domaine.
LES CONSÉQUENCES D’UN RETRAIT DES ETATS-UNIS
Les Etats-Unis sont le second pollueur mondial avec 5.4 milliards de tonnes de gaz à effet de serre émises en 2015. Leur départ serait donc un grand frein dans les objectifs fixés par l’Accord de Paris. En effet, il devient tout de suite plus difficile de lutter contre les gaz à effet de serre si le pays qui en produit plus de 15 % par an ne s’engage pas dans cette lutte.
Un retrait américain pourrait aussi entraîner un effet domino, notamment auprès de pays signataires mais dont l’engagement n’est pas très actif, à l’image par exemple de la Russie. Enfin, sans les Etats-Unis, il devient aussi plus difficile de financer les politiques d’aides à l’adaptation au changement climatique des pays les plus pauvres.
Mais le retrait des Etats-Unis et leur arrêt des politiques de lutte contre le réchauffement climatique auraient aussi des conséquences directes sur l’économie du pays. En effet, ce sont 769 000 américains qui travaillent dans les énergies renouvelables et 2,2 millions dans l’efficacité énergétique et les économies d’énergie. En comparaison, on compte seulement 177 000 personnes qui travaillent dans l’extraction du pétrole et du gaz.
UNE RÉSISTANCE ÉCOLOGIQUE AMÉRICAINE ?
Les 760 plus grosses entreprises du pays ayant au moins 100 millions de dollars de chiffre d’affaire se sont accordées et appellent le président Trump à ne pas quitter l’Accord de Paris. Ces entreprises ont d’ailleurs lancé une pétition intitulée « business backs low carbone mission ». Certaines, à l’image d’Apple ou Google, s’investissent directement dans la réduction des gaz à effet de serre et visent même le « zéro émission » de CO2 à court terme.
Le tissu économique américain n’est pas seul à s’opposer aux décisions de Trump en matière environnementale. La plupart des grands États américains ont des objectifs de réduction des gaz à effet de serre et comptent bien les maintenir même avec un retrait du gouvernement fédéral.
La Californie, par exemple, vise de réduire ses émissions d’ici 2030 de 40 % par rapport à 1990. La majorité des grandes villes du pays se sont regroupées dans le compact of mayors et visent elles aussi la lutte contre le changement climatique. Espérons que même avec un retrait de l’Accord de Paris par Trump, ces contre-pouvoirs soient assez forts pour continuer ce combat nécessaire à l’avenir de notre planète.
Par Adrien Bertoni, le
Source: Sciences et Avenir
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