Terrible nouvelle pour la cause animale. La liste rouge des animaux menacés de disparition en France métropolitaine, récemment mise à jour par le comité français de l’Union internationale pour la conservation de la nature et le Muséum national d’histoire naturelle, s’est terriblement allongée en l’espace de huit ans.
L’agriculture intensive sur le banc des accusés
Établie en 2009, cette liste rouge n’a cessé de s’allonger au fil des années, et la situation est aujourd’hui critique pour de nombreux mammifères terrestres et marins. Parmi les 125 espèces répertoriées, 17 sont classées comme menacées et 24 comme quasi menacées. En clair, 33 % des espèces terrestres et 32 % des espèces marines sont jugées en péril en 2017, ce qui représente des augmentations respectives de 10 et 7 % en seulement huit ans.
Parmi les causes majeures, on retrouve l’agriculture intensive qui détruit buissons et haies indispensables à la survie de certaines espèces, comme le vison et le putois d’Europe ou le lapin de garenne, et l’usage galopant de pesticides qui décime les populations d’insectes dont se nourrissent par exemple les musaraignes et les pipistrelles communes. Enfin, la destruction des zones humides provoquée par l’exploitation forestière, mais aussi les collisions routières et les piégeages accidentels complètent ce triste tableau.
La lutte contre le changement climatique et la surpêche aussi mises en cause
La lutte contre le changement climatique touche aussi les chauves-souris, avec des mesures de rénovation et d’isolation des bâtiments qui les privent des gîtes qu’elles affectionnent, tandis que la multiplication des éoliennes affecte particulièrement les espèces migratrices, souvent victimes de collisions mortelles. Les espèces carnivores protégées, comme les ours, loups et lynx, sont quant à elles classées comme menacées en raison de leurs populations réduites et du braconnage dont elles sont régulièrement les cibles.
Les mammifères marins sont quant à eux victimes de multiples pressions, parmi lesquelles on retrouve la pollution sonore engendrée par le trafic maritime et les sonars militaires qui les désorientent, mais aussi les rejets extrêmement polluants dans les mers et océans, les captures accidentelles, et la surpêche qui les privent de ressources alimentaires indispensables à leur survie. Ainsi, le cachalot est désormais considéré comme vulnérable, et le phoque veau-marin quasi-menacé.
Quelques rares motifs de satisfaction
Au rayon des bonnes nouvelles, le rapport rendu par l’UICN et le MNHN précise que certains efforts menés depuis des années ont fini par porter leurs fruits. Ainsi, la loutre d’Europe et le bouquetin des Alpes ont largement bénéficié des mesures environnementales menées conjointement par les pouvoirs publics et les associations de protection de la nature, et leurs populations ne cessent de grandir.
Si ces quelques motifs de satisfaction nous prouvent qu’il est possible d’inverser cette spirale négative alors que la sixième extinction de masse s’amorce, le chantier s’annonce pharaonique. Selon les deux organismes, il faudra pour cela préserver les milieux naturels, restaurer les zones humides, privilégier une agriculture extensive, et faire face au défi du changement climatique tout en veillant à sauvegarder les espèces vulnérables et leurs habitats.
Par Yann Contegat, le
Source: Le Monde
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