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Des scientifiques découvrent une canalisation vieille de 1 500 ans à 65 m d’altitude : un trésor d’ingéniosité oublié

Sur les hauteurs d’Istaravchan, au nord du Tadjikistan, des archéologues ont mis au jour une canalisation vieille de 1 500 ans, installée à 65 mètres d’altitude.

Canalisation antique en terre cuite découverte lors de fouilles archéologiques en Égypte.
Canalisation souterraine vieille de 1 500 ans, découverte lors de fouilles archéologiques, longue de 65 mètres – DailyGeekShow.com

Cette infrastructure, découverte sans financement public, révèle une maîtrise technologique remarquable. Elle remet en lumière un pan oublié de l’ingénierie urbaine antique en Asie centrale. À travers cette trouvaille, le site de Mugtepa retrouve toute sa place dans l’histoire de l’architecture, de la planification urbaine et de la vie quotidienne dans la région.

Une technologie hydraulique complexe installée à 65 m de hauteur dès le VIIe siècle

En juillet 2025, une équipe de l’université d’État de Khujand a fouillé le site de Mugtepa. Ils y ont mis au jour un réseau hydraulique souterrain datant du VIIe siècle. Cette prouesse, réalisée sans aide publique, a été rendue possible grâce à l’implication d’étudiants et au soutien du centre Kalai Mug.

À 65 m d’altitude, les chercheurs ont découvert des conduites en céramique appelées kuburs. Chaque tube mesure 40 cm et repose dans des tranchées, scellées avec un mortier d’albâtre imperméable.

Tuyaux en céramique de 1 500 ans découverts dans le système d’approvisionnement en eau de la ville fortifiée de Mugtepa.
Tuyaux en céramique du système d’approvisionnement en eau de la ville fortifiée de Mugtepa © Asia-Plus / Nabidjon Rakhimov

La régularité des dimensions laisse penser à l’existence d’ateliers spécialisés. Selon Arkeonews, cette uniformité technique démontre un haut niveau d’organisation artisanale, mais aussi une planification technique structurée. À intervalles réguliers, de petits bassins, appelés hauzes, servaient à collecter ou redistribuer l’eau.

Ce réseau n’était donc pas improvisé. Il visait à assurer une autonomie en eau pour les habitants, les lieux de pouvoir ou en cas de siège. Pour Amindjon Khomid, architecte participant aux fouilles, ce système révèle « un niveau de compétence technique étonnamment élevé pour la période considérée », selon ses propos rapportés par The Times of Central Asia.

Mugtepa : un site longtemps négligé, aujourd’hui réhabilité par la recherche

Perché sur un promontoire, Mugtepa domine la ville d’Istaravchan. Ce site a servi dès l’Antiquité à construire des forteresses successives. Toutefois, les autorités l’ont abandonné pendant plusieurs décennies. En 2017 et 2018, des travaux modernes ont même détruit plusieurs couches archéologiques.

Malgré ces dommages, les archéologues ont exhumé trois segments d’aqueduc durant les dernières fouilles. Ces structures replacent Mugtepa au cœur de la recherche scientifique. Dirigées par le professeur Nabijon Rakhimov, les explorations montrent que le site a conservé un rôle historique majeur.

Dans une interview accordée à Asia-Plus, Rakhimov affirme : « Les monuments archéologiques ne sont pas de simples pierres, mais les témoins matériels de notre histoire. » Ainsi, Mugtepa redevient un symbole de la richesse patrimoniale du Tadjikistan.

Objets domestiques, céramiques et inscriptions : une mémoire enfouie à multiples couches

Les archéologues n’ont pas seulement mis au jour des canalisations. En effet, ils ont également découvert de nombreux objets du quotidien. Meules, fusaïoles, céramiques variées : tous révèlent un mode de vie sédentaire actif, basé sur l’agriculture et l’artisanat.

Plus en profondeur, les fouilles ont révélé des artefacts encore plus anciens. Certains remontent à la période hellénistique, voire à l’époque achéménide. Ces couches confirment une occupation continue du site sur plusieurs siècles.

D’autre part, des chercheurs ont mis au jour un vase en argile inscrit en bactrien sur un site voisin à Khalkajjar. Ce texte, daté de l’Empire kouchan, dit : « Cette cruche d’eau appartient à la femme Sagkina ». Ce détail, bien que modeste, renseigne sur la propriété privée, le statut des femmes et la diffusion de l’écrit dans la sphère domestique.

Ces objets ne sont donc pas anecdotiques. Bien au contraire, ils racontent les pratiques économiques, sociales et linguistiques d’un monde longtemps resté dans l’ombre des grandes civilisations.

Par Eric Rafidiarimanana, le

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