Longtemps, on a cru Mars dénuée de tonnerre, calme et poussiéreuse. Mais une découverte récente change la donne : Perseverance a capté de légers claquements, preuves sonores de micro-éclairs. Oui, Mars s’électrise parfois, et ce n’est pas de la science-fiction, mais de la science pure.

Ce que Perseverance a entendu : des clacs mystérieux révélateurs d’une activité électrique inattendue
En 2023, le rover Perseverance sillonnait calmement le cratère Jezero lorsqu’une tempête de poussière a commencé à se former non loin de lui. À ce moment précis, ses microphones ont capté une série de petits claquements secs, presque comme des coups de fouet dans le silence martien.
Ces sons discrets, à peine audibles, ont intrigué les chercheurs. En les examinant de près, ils ont compris qu’il ne s’agissait pas de bruits mécaniques ou environnementaux classiques, mais bien de décharges électriques naturelles générées localement par l’atmosphère de Mars.
Pour la toute première fois, la science obtenait une preuve directe que le frottement des grains de poussière soulevés par le vent pouvait produire des micro-éclairs, confirmant une hypothèse vieille de plusieurs décennies sur l’activité électrostatique martienne.
Une atmosphère fine et sèche : le cocktail martien parfait pour produire des micro-éclairs
Pourquoi ces petites étincelles se forment-elles sur Mars alors qu’elles sont rarissimes dans nos déserts terrestres ? Tout est une question de contexte. Sur notre planète, l’air est dense et humide : deux ennemis pour l’accumulation de charges électriques. Sur Mars, l’atmosphère est très fine, presque 100 fois moins dense que la nôtre, et composée en grande partie de dioxyde de carbone. Ce mélange rend l’ionisation de l’air beaucoup plus facile. Autrement dit, il faut bien moins d’énergie pour que des étincelles se forment.
Cela confirme ce que certains modèles théoriques suggéraient depuis des décennies : les tempêtes de poussière martiennes sont potentiellement électrisantes. Mais sans preuve directe, cela restait au stade de l’hypothèse. Avec cette détection acoustique, nous avons enfin un indice tangible et mesurable.
Les tourbillons de poussière martiens jouent un rôle-clé dans la génération de ces décharges électriques
Ces mini-éclairs ne viennent pas de grosses tempêtes planétaires uniquement. En fait, ce sont surtout les tourbillons de poussière locaux, appelés « dust devils« , qui semblent les provoquer. Imaginez un petit tourbillon de quelques mètres de haut, tournoyant sur le sol rouge de Mars, soulevant des grains de poussière à toute vitesse. Chaque frottement entre ces grains peut libérer une petite charge. Et quand tout s’accumule ? Un claquement, une décharge, un micro-éclair.
Le plus fascinant, c’est que ces phénomènes pourraient avoir un rôle majeur dans la dynamique atmosphérique martienne, voire dans la chimie de surface. Certains chercheurs se demandent même si cette activité électrique n’aurait pas joué un rôle par le passé dans la formation de molécules complexes. Rien de moins !
Cette électricité naturelle pourrait changer notre approche de la vie sur Mars et des futures missions habitées
Et si ces petites décharges étaient plus importantes qu’on ne le pense ? D’un point de vue scientifique, elles pourraient modifier la façon dont on comprend l’évolution chimique de la planète. Mais c’est aussi un enjeu très concret pour les futures missions humaines. Car qui dit électricité dit aussi risques pour les équipements électroniques, ou au contraire, opportunités de produire de l’énergie.
En bref, ces petits claquements ont résonné bien au-delà du cratère Jezero. Ils ouvrent une nouvelle page dans l’exploration martienne. Et peut-être, qui sait, nous rapprochent encore un peu plus de la réponse à cette grande question : Mars a-t-elle abrité un jour la vie ?
Par Eric Rafidiarimanana, le
Source: sudouest.fr
Étiquettes: rover perseverance, Éclairs sur Mars, Tempêtes martiennes, Activité électrique
Catégories: Sciences, Actualités, Espace