
L’évolution sinueuse des dents fascine depuis longtemps des scientifiques. Récemment, une équipe américaine s’est penchée sur le cas intrigant de la chimère tachetée.
Hydrolagus colliei
Poisson cartilagineux étroitement apparenté aux requins, Hydrolagus colliei évolue dans le nord-est de l’océan Pacifique, à des profondeurs allant jusqu’à 400 mètres. Un appendice frontal, connu sous le nom de tenaculum, distingue les mâles des femelles.
En étudiant de plus près plusieurs spécimens, Karly Cohen, de l’université de Washington, et ses collègues ont constaté que cette structure, décrite comme une petite bosse blanche entre leurs yeux lorsqu’elle était rétractée, était garnie des minuscules dents semblables à des crochets, bien différentes des plaques de dentine ornant leurs mâchoires.
Utilisée pour intimider de potentiels rivaux, elle permettait également aux mâles de saisir les nageoires pectorales des femelles lors de l’accouplement, causant dans certains cas des lésions bien visibles.

Vestige lointain
Afin de percer le secrets de l’évolution de cet appendice étrange, l’équipe a examiné un fossile vieux de 315 millions d’années, montrant que chez les ancêtres d’H. colliei, il était nettement plus long et directement attaché à la mâchoire.
Le séquençage génétique des dents de chimères tachetées modernes a révélé un schéma de croissance étroitement similaire à celles des requins, confirmant une origine buccale plutôt que dermique (la peau des squales est recouverte de minuscules denticules).
« Ces structures bouleversent notre compréhension du développement dentaire », écrivent les auteurs de la nouvelle étude, publiée dans la revue PNAS. « Si les chimères peuvent former une dentition extra-buccale, où pourrions-nous également trouver des dents ? »
Le mois dernier, une étude avait suggéré que les requins pourraient perdre leurs dents, en raison de l’acidité croissante des océans.