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Dans les profondeurs du cosmos, une planète en formation avale l’Univers à un rythme que rien ne peut freiner

Une boule de gaz solitaire, à plus de 600 années-lumière, avale la matière à une vitesse inégalée. Est-ce une planète ? Une étoile avortée ? Un monstre du cosmos ?

Champ d’étoiles et nébuleuse lumineuse dans l’espace profond, aux teintes violettes et bleutées
Un spectacle céleste époustouflant : cette nébuleuse brillante s’étend au cœur d’une galaxie, entre volutes de gaz colorés et milliers d’étoiles scintillantes – DailyGeekShow.com

Découverte en 2008, cette exoplanète errante refait parler d’elle après des observations réalisées en 2025. Son comportement défie toutes nos classifications astronomiques. Elle avale la matière comme une étoile, sans en être une. Ce mystère cosmique pourrait bien révolutionner notre compréhension de la naissance des mondes.

Cha 1107-7626 : une planète en formation qui se comporte comme une étoile géante

Quand les astronomes ont pointé leurs instruments vers Cha 1107-7626, ils pensaient observer une simple planète en formation. Mais ce qu’ils ont vu les a littéralement laissé bouche bée. Située dans le complexe stellaire du Caméléon, à 620 années-lumière, cette boule de gaz accumule la matière à une vitesse vertigineuse : 6 milliards de tonnes par seconde au pic de son activité !

En effet, ce phénomène s’appelle l’accrétion. Habituellement observé chez les étoiles naissantes ou les trous noirs, il est rarissime chez les objets planétaires. Alors, de quoi parle-t-on vraiment ici ? Cette planète serait-elle une anomalie, ou simplement un exemple extrême d’un processus que nous connaissons mal ?

Une planète errante sans étoile, mais avec des réactions dignes des plus jeunes astres

Le plus déroutant avec Cha 1107-7626, c’est qu’elle n’a pas d’étoile autour d’elle. Elle vagabonde seule dans le cosmos. Les chercheurs parlent alors d’objet libre de masse planétaire (FFPMO), ou plus poétiquement, de planète errante. Autrement dit, elle s’est formée en dehors de toute orbite stellaire, ce qui est déjà en soi une rareté fascinante.

De plus, avec une masse estimée entre 5 et 10 fois celle de Jupiter, elle est bien trop légère pour être une étoile (même les plus petites font 80 fois Jupiter) ou même une naine brune (13 fois Jupiter). Et pourtant, son comportement est stellaire. En juin 2025, elle a soudainement scintillé, exactement comme le font certaines jeunes étoiles lors de pics d’accrétion, appelés EXor Burst. Les parallèles sont troublants.

Un disque de matière riche, un comportement stellaire : la planète qui brouille les frontières

Autour de cette exoplanète, les télescopes ont détecté un disque de matière composé de silicates et d’hydrocarbures. Ces éléments sont les briques de base des systèmes planétaires… mais aussi des jeunes étoiles. Autrement dit, ce disque n’est pas un simple vestige : c’est un environnement dynamique, propice à de nouvelles formations.

C’est là que réside le mystère : Cha 1107-7626 semble osciller entre deux identités. Comme si elle n’avait pas choisi entre être une étoile ou une planète. L’équipe de l’astronome Víctor Almendros-Abad, à l’origine de ces observations, souligne que c’est l’accrétion la plus intense jamais enregistrée pour un objet de cette taille. Par conséquent, cela oblige les scientifiques à redéfinir leurs modèles de formation planétaire.

Ce que Cha 1107-7626 nous murmure à l’oreille du vide

Pour la chercheuse Amelia Bayo, de l’Observatoire européen austral : « L’idée qu’un objet planétaire puisse agir comme une étoile est impressionnante et nous invite à reconsidérer ce que nous pensions savoir sur la naissance des mondes. » En d’autres termes, ces objets errants pourraient être bien plus nombreux – et bien plus actifs – qu’on ne l’imaginait.

Ce n’est peut-être qu’un point perdu dans l’immensité. Mais Cha 1107-7626 raconte une histoire passionnante : celle d’un Univers plus libre, plus sauvage, plus poétique que les modèles trop carrés des manuels. Un lieu où les planètes peuvent naître seules, briller par elles-mêmes, et peut-être, un jour, donner naissance à de nouveaux mondes. Et si, dans ce coin perdu du cosmos, se jouait une symphonie que personne n’avait encore osé écouter ?

Par Eric Rafidiarimanana, le

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