Industrialisée et polluante, l’agriculture n’a désormais plus rien à voir avec celle que pratiquaient nos ancêtres. Pourtant, les cultures qu’entretiennent toujours certains fermiers africains allient productivité et respect de l’environnement. Mais comment ?
Pendant des centaines d’années, certaines parties de l’Afrique subsaharienne ont souffert de disposer d’un sol pauvre. En cause, la météo, le déplacement des populations et la pratique de l’agriculture sur brûlis – qui consiste à défricher les champs par le feu pour les mettre ensuite en jachère – qui ont laissé de larges étendues de terres relativement inutilisables pour la culture alimentaire sans intervention commerciale majeure. Mais l’histoire de l’agriculture africaine est plus large que cela.
En Guinée et dans les forêts d’Afrique de l’Ouest, l’enrichissement du sol avec des techniques naturelles s’est transmis à travers les générations de manière à cultiver de la nourriture sans engrais artificiels. « La capacité des gens à cultiver là où les sols ne sont pas bons… [a été] complètement négligée », selon James Fairhead, professeur d’anthropologie sociale de l’université du Sussex.
Avec ses collègues, l’universitaire a analysé 150 sites du nord-ouest du Liberia et 27 sites au Ghana et a découvert que des sols enrichis, surnommés « African Dark Earths », contiennent 200 à 300 % de carbone organique en plus que les sols environnants et peuvent supporter une agriculture plus intensive. Ils contiennent également de 2 à 26 fois plus de carbone pyrogène, qui persiste plus longtemps dans le sol que d’autres atomes de carbone.
En réalité, ces zones sont formées lorsque les agriculteurs de villages alimentent leurs sols en concentrant, sur une zone donnée, les excréments et os d’animaux mais aussi les détritus végétaux et autres types de déchets alimentaires, puis en les brûlant. Cela transforme alors les sols pauvres en une terre sombre et nutritive grâce au carbone contenu dans ces éléments.
Car le carbone est un composant essentiel de l’agriculture puisqu’il est constitutif de tous les éléments vivants, et donc des plantes. Selon les scientifiques, ces méthodes d’enrichissement du sol peuvent donc offrir un modèle pour ce qu’on appelle, dans le domaine de l’agriculture, la séquestration de carbone dans les sols.
Les cultures qui poussent sur ce sol fertile constituent une part importante des revenus des ménages, qui font pousser plusieurs types de végétaux, comme le manioc, le plantain ou le taro. Mais ce procédé ancestral pourrait aussi constituer une solution efficace à une agriculture à grande échelle plus saine et tout aussi productive qu’elle l’est actuellement. Si les procédés écologiques vous intéressent, découvrez également comment l’Islande transforme ses émissions de CO2 en roche.
Par Maxime Magnier, le
Source: Nationalgeographic
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