Le monde de l’archéologie n’a pas fini de nous dévoiler tous ses secrets. En effet, des archéologues viennent d’exhumer, dans un cimentière en Hongrie, des crânes datant d’il y a plus d’un millier d’années. Des découvertes qui révèlent un aperçu sur les populations lors de la chute de l’Empire romain.
Un aperçu sur les populations lors de la chute de l’Empire romain
Dans le cimetière Mözs-Icsei dűlő, situé dans le sud de Budapest, en Hongrie, des archéologues ont exhumé plusieurs dizaines de crânes anormalement allongés. Selon eux, il s’agirait d’ailleurs de l’une des plus grandes collections de crânes déformés d’Europe centrale.
Ce cimetière se situe dans une région autrefois appelée Pannonie. Celle-ci a joué un rôle central au sein de l’Empire romain. Elle a effectivement permis aux troupes romaines d’avoir une position des plus stratégiques en Europe centrale, et ce, jusqu’à l’effondrement de l’Empire. Au Ve siècle, les Romains ont quitté la Pannonie, alors que les Huns envahissaient l’Europe centrale. Les populations de cette région ont alors subi d’importantes transformations sociales et culturelles engendrées par l’arrivée de nouvelles populations souhaitant fuir face aux Huns.
Mais comment ces changements se sont-ils réellement manifestés ? A travers l’analyse de ces crânes, ces archéologues ont tenté de répondre à cette question. Les résultats de leurs recherches, publiés dans la revue PloS ONE, ont révélé que plusieurs populations et différentes cultures ont vécu au même moment malgré une certaine instabilité politique.
51 crânes déformés artificiellement
Au total, les chercheurs ont étudié 51 crânes appartenant à des femmes, des hommes et des enfants. Tous ces ossements se présentaient sous une forme particulièrement allongée obtenue artificiellement en enserrant les crânes dans des bandes. Une technique qui était pratiquée en Asie centrale puis en Europe aux IIe et IIIe siècles. Elle est ensuite devenue plus commune à partir de la première moitié du Ve siècle.
“Le site de Mözs que nous étudions représente justement cette période et constitue un excellent exemple d’une communauté dans laquelle la pratique était très courante”, comme l’ont rapporté Corina Knipper, membre du Curt-Engelhorn-Centre for Archaeometry, ainsi que ses collègues, au site LiveScience.
Par ailleurs, les archéologues ont mis en évidence trois groupes différents répartis sur deux, voire trois générations, parmi les 96 sépultures situées dans ce cimetière. Le premier groupe serait le groupe fondateur du cimetière et serait constitué de tombes construites autour de 430 et 440. Le deuxième serait un groupe d’une origine différente mais ayant une alimentation semblable et serait composé d’environ douze personnes arrivées plusieurs dizaines d’années après le premier groupe. Le troisième groupe, composé de sépultures plus récentes, serait caractérisé par des traditions romaines ou encore d’autres traditions.
Des groupes ayant probablement co-existé entre eux
Les analyses des archéologues ont également révélé que ces groupes auraient probablement co-existé entre eux et auraient donc partagé des pratiques et traditions culturelles. “Cette communauté a accepté et intégré des hommes, femmes et enfants d’origines géographique et culturelle différentes durant les deux à trois générations de son existence. Les traditions locales et non locales se sont ainsi amalgamées dans les mêmes sépultures”, ont rapporté les chercheurs.
Ainsi, les archéologues ont pu montrer que le Ve siècle et l’effondrement de l’Empire romain ont donné lieu à “une période particulièrement dynamique dans la région de Pannonie”. Les déplacements de ces populations ont de même donné place à un véritable mélange de cultures et à l’émergence d’une nouvelle “culture métissée romano-barbare”, ont conclu les chercheurs.
Par Cécile Breton, le
Source: Geo
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