Digne d’Hitchcock : les corbeaux sont probablement bien plus rancuniers que vous

Si les corbeaux sont réputés pour leur intelligence remarquable, une expérience au long cours a mis en lumière leur mémoire collective… et leur nature définitivement rancunière.

Trauma durable

En 2006, John Marzluff, de l’université de Washington, et ses collègues avaient exposé des corbeaux sauvages à un « nouveau visage menaçant ». Lors du piégeage et du bageage d’une quinzaine de volatiles sur cinq sites proches de la ville de Seattle, ceux-ci portaient un masque d’ogre grotesque.

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Au cours des semaines, mois, et années suivant cette expérience traumatisante, les groupes de corvidés évoluant dans les « zones de capture » ont systématiquement produit des vocalisations agressives ciblant spécifiquement « les ogres », quel que soit leur sexe, âge ou taille. En comparaison, les porteurs de masques caricaturaux témoins, notamment à l’effigie de Dick Cheney, ancien vice-président des États-Unis, ont largement échappé à l’ire des oiseaux.

Selon les auteurs de l’étude, publiée dans la revue Animal Behaviour, le fait que même les corvidés n’ayant pas été bagués adoptent le même comportement illustre la nature hautement sociale de ces créatures et indique une forme avancée de mémoire collective.

« Ils sont extrêmement sensibles au comportement de leurs congénères et apprennent de leurs réactions », explique Kevin McGowan, du Cornell Lab of Ornithology. « Ces oiseaux sont également remarquablement doués pour distinguer nos visages. »

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Rancune tenace

Alors qu’à l’état sauvage, l’espérance de vie d’un corbeau est généralement comprise entre sept et huit ans, l’équipe de Marzluff a établi que la rancune d’un groupe pouvait persister 17 ans, impliquant que celle-ci soit transmise aux nouvelles générations.

Suite au bageage de plusieurs corbeaux à New York, McGowan a expliqué avoir vécu une expérience purement hitchcockienne.

« Chaque fois que je retournais sur les lieux, ils commençaient à tourner au-dessus de moi en croassant », détaille le chercheur. « Vous devez garder à l’esprit qu’il s’agissait d’un parc public, fréquenté par des centaines de personnes. Au bout d’un moment, vous devenez un peu paranoïaque. »

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