Phénomène naturel, la météo se veut tantôt clémente, tantôt dévastatrice. Imposant un climat différent aux quatre coins du monde, elle est aussi responsable de catastrophes naturelles de masse. Si l’Homme est longtemps resté impuissant face aux variations de températures ainsi qu’aux intempéries, il est également bien connu pour que rien ne lui résiste très longtemps.


L’idée de contrôler le climat ne date pas d’hier. Depuis 1875, l’Homme comprend le rôle des aérosols dans la formation des nuages. En 1911, il observe la croissance rapide des cristaux de glace en présence de gouttes d’eau liquide surfondues. Enfin, en 1946, des scientifiques arrivent à provoquer la congélation de gouttes d’eau surfondues pour les transformer en cristaux de glace. Depuis, il a fallu mettre un nom sur ces techniques de contrôle du climat. C’est ainsi que naît le terme de géo-ingénierie. Les grandes puissances mondiales disposent désormais de ce savoir et utilisent le contrôle du climat à diverses fins.

DES OPÉRATIONS DÉJÀ MENÉES DANS UNE CINQUANTAINE DE PAYS

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Allemands ont tenté la géo-ingénierie

La Seconde Guerre mondiale a été le terrain d’entraînement de la manipulation du climat. En effet, les Allemands ont tenté de faire de la géo-ingénierie une arme de guerre mais les essais ont été plutôt infructueux. De même, lors des années 50-60, un autre essai a été réalisé aux Etats-Unis et en Europe, afin de limiter les pertes de récoltes suite à une période de grand froid. Enfin, les Américains ont procédé à de nouvelles tentatives lors de la guerre du Vietnam au début des années 70, sous couvert du projet « Popeye Project ».

Le but étant de prolonger la saison de la mousson pour freiner l’ennemi dans la jungle boueuse. Par la suite, une centaine d’opérations de plus ou moins grande envergure ont été menées à travers le monde, occasionnant des moyens tant financiers que matériels, très importants. L’une des plus célèbres reste celle des Jeux olympiques de Pékin en 2008. La Chine a déployé des moyens considérables pour éviter que la pluie ne vienne gâcher l’événement. Puis un an plus tard, elle décide de faire tomber de la neige artificiellement pour pallier la sécheresse.

DES INTENTIONS PAS TOUJOURS PACIFIQUES

Depuis 1977, la géo-ingénierie est montrée du doigt, surtout pour son utilisation militaire. Les USA consacraient 2.8 millions de dollars pour les recherches sur la maîtrise du climat. Cela fut réprouvé par l’opinion publique ainsi que les Nations unies et la Convention sur l’interdiction d’utiliser des techniques de modification de l’environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles (ENMOD). Les Nations unies ont donc prohibé l’usage hostile des techniques de géo-ingénierie. Ainsi, il est interdit de créer des brouillards pour camoufler la visibilité des navires de guerre, de contrôler les nuages et les pluies à des fins militaires. Le Pentagone stoppe toutes ses recherches en 1979 mais des rumeurs laissent croire que le Kremlin poursuit toujours les siennes.

LA GÉO-INGÉNIERIE EST UNE VÉRITABLE ARME DE GUERRE

C’est ainsi qu’en 1996, des officiers de l’armée américaine demandent de reprendre les recherches avec un projet s’intitulant « La météo comme démultiplicateur de force : maîtriser les conditions atmosphériques en 2025« . Cela, afin de ne pas se laisser distancer par les Russes. Si cette technique de contrôle du climat pourrait être très bénéfique dans certaines parties du monde, l’utilisation de la géo-ingénierie n’est pas toujours faite dans un but pacifique. Véritable arme de guerre, les retombées sont souvent chaotiques. Certaines nations restent très frileuses face à l’utilisation de la géo-ingénierie. C’est ainsi que le Canada a demandé de signer un accord avec son voisin américain, « relatif à l’échange d’informations sur les activités civiles de modification du temps ».

LA GÉO-INGÉNIERIE RESPONSABLE DES CATASTROPHES NATURELLES ? 

D’après l’ex-météorologue américain Scott Stevens, les Russes sont responsables du cyclone Katrina. Il alerte l’opinion publique en précisant que la Russie a construit un appareil secret pouvant modifier le climat. Il renforce son accusation en rappelant les propos en 2003 de Vladimir Jirinovski, député ultranationaliste russe, menaçant les USA d’inondations gigantesques déclenchées par les scientifiques russes.

L’ouragan Katrina

Coté Europe, certains hommes politiques en 2002 profèrent des accusations contre les Américains. D’après eux, l’armée américaine serait responsable des inondations pour nuire à l’économie européenne. Les Russes appuient cette accusation en mettant la lumière sur une base « secrète » américaine en Alaska : High Frequency Actvie Auroral Research Program (HAARP). Certains scientifiques affirment que le projet HAARP est capable de provoquer des aurores boréales artificielles et de modifier le climat en influant sur l’atmosphère. En plus de HAARP, deux autres sites identiques existent sur la planète : un en Norvège et l’autre en Russie (centre Soura géré par l’Institut de recherches radiophysiques (NIRFI)).

CES THÉORIES SONT TOUTEFOIS FLOUES

Iouri Tokarev est chercheur au NIRFI et assure que ni les Américains ni les Russes ne sont « encore capables d’agir sur le climat à une aussi grande échelle ». Cela n’est sans doute qu’une question de temps.

CONCRÈTEMENT, QUE SAIT-ON FAIRE ? 

Il est possible de fabriquer des nuages de pluie et de dissiper les brouillards et nuages. La géo-ingénierie permet également de limiter les précipitations de grêle. Cela impose d’augmenter leur nombre en supposant que plus nombreux, ils seront alors plus petits et tomberont moins vite. Certains auront même le temps de fondre avant de toucher le sol.

A plus grande échelle, il est désormais possible de modifier ou détourner le chemin des cyclones tropicaux et de limiter le rayonnement solaire grâce à des navires à embruns entre autres, ou encore de réduire l’effet de serre.

DES SOLUTIONS POSITIVES ET MÉCANIQUES

Le plus ancien dispositif positif reste encore en phase stationnaire. Pour faire pleuvoir dans les zones arides, le projet Roudaire-Lesseps projette de remplir d’eau le Chott el-Jérid en inondant quelque 9 000 km². Cela créerait ainsi une grande zone d’évaporation pour permettre les précipitations. Des tours aérogénératrices à vortex propulseraient l’air humide au niveau du sol vers les zones plus fraîches, où le froid condensera la vapeur d’eau. Cette méthode contribuerait également à lutter contre la montée des eaux océaniques.

UNE PROUESSE DIGNE DE LA SCIENCE-FICTION

En plus de nous permettre de combattre le réchauffement climatique, la géo-ingénierie pourrait nous aider à rendre d’autres planètes habitables, comme Mars.

La réalité rattrape toujours la fiction. En ce sens, la géo-ingénierie, très critiquée pour ses intentions militaires, attire plus de sympathie lorsqu’elle se met au service de la planète, voire de l’humanité. En effet, contrôler le climat de façon « pacifiste » permettrait de venir en aide au réchauffement climatique. C’est le projet de la CIA qui finance une étude scientifique à hauteur de 630 000 dollars. Mais qui dit contrôle du climat dit aussi conquête de l’espace ! En effet, voilà une bonne manière de « terraformer » d’autres planètes afin de les rendre habitables pour l’Homme. En modifiant l’atmosphère des planètes les plus proches de la Terre, elles pourraient accueillir certains Terriens.

LE MONDE SCIENTIFIQUE PARTAGÉ

La géo-ingénierie n’est pas accueillie de façon unanime par les intellectuels et scientifiques. Certains la considèrent comme une « source de valeur » permettant de limiter, voire de supprimer le problème des gaz à effet de serre. Les autres considèrent que contrôler la météo est digne des apprentis-sorciers car comme toujours, les effets à long terme ne sont ni connus ni anticipés. John Brennan, directeur de la CIA, pointe du doigt les risques technologiques et géopolitiques qu’engendre l’injection d’aérosols dans la stratosphère pour modifier le climat.

LES EFFETS À LONG TERME SONT ENCORE MÉCONNUS

Même si des progrès sont réalisés dans le domaine de la géo-ingénierie, le climat reste encore un grand mystère pour les scientifiques. Il s’agirait de mieux en comprendre les rouages aléatoires pour permettre d’évaluer les menaces du contrôle de la météo.

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