Selon une théorie largement répandue, manger de la viande a été essentiel au développement de l’être humain. Une nouvelle étude a cependant remis en cause cette hypothèse et affirme que cette relation entre la consommation de viande et l’évolution humaine a été altérée par un biais d’échantillonnage.
Une théorie biaisée
Selon une théorie initialement publiée en 1995 – et qui est restée très populaire depuis – l’être humain a pu devenir ce qu’il est aujourd’hui en grande partie grâce à la consommation de viande qui a commencé avec nos lointains ancêtres, il y a environ 2 millions d’années. En effet, c’était à cette époque que l’Homo erectus a initié un changement majeur dans son alimentation en commençant à manger de la viande. Et selon de nombreux archéologues, c’était grâce à cela que cette espèce avait pu développer des traits humains caractéristiques, notamment un gros cerveau, plus gros que celui de n’importe lequel de ses prédécesseurs.
Une nouvelle étude publiée dans la revue PNAS remet cependant en question la primauté de la consommation de viande au début de l’évolution humaine. Les chercheurs ont expliqué que cette erreur provient d’un biais d’échantillonnage. Autrement dit, les limitations imposées dans les échantillonnages des sujets de recherches dans les études précédentes ont induit les chercheurs en erreur. Cela les a amenés à mal évaluer l’importance de la viande dans l’évolution humaine avec des préjugés et non des faits. Quoi qu’il en soit, les chercheurs ont tenu à préciser que cela ne signifiait pas que la viande n’a joué aucun rôle dans l’évolution humaine, seulement, son influence a été moins importante que ce que l’on croyait jusqu’à présent.
« Des générations de paléoanthropologues se sont rendues sur des sites réputés bien préservés dans des endroits comme les gorges d’Olduvaï à la recherche, et à la découverte, de preuves directes époustouflantes des premiers humains mangeant de la viande, renforçant ce point de vue selon lequel il y a eu une explosion de la consommation de viande il y a 2 millions d’années », a expliqué Andrew Barr, auteur principal de l’étude, dans un communiqué. « Cependant, lorsque vous synthétisez quantitativement les données de nombreux sites à travers l’Afrique de l’Est pour tester cette hypothèse, comme nous l’avons fait ici, le récit évolutif selon lequel la viande nous a rendus humains commence à se défaire », a-t-il ajouté.
Une nouvelle piste à creuser dans le domaine de la zooarchéologie
Pour en arriver à ces conclusions, les scientifiques ont compilé des données publiées sur neuf domaines de recherche majeurs en Afrique de l’Est. À partir de ces données, ils ont effectué un suivi des premiers humains carnivores à l’aide de plusieurs paramètres. Parmi ces paramètres, nous pouvons citer le nombre de sites zooarchéologiques préservant des ossements d’animaux portant des marques de coupe faites par des outils en pierre ainsi que le nombre total d’os d’animaux avec des marques de coupe sur les sites et le nombre de niveaux stratigraphiques rapportés séparément.
En prenant en compte la variation des efforts d’échantillonnage au fil du temps, les chercheurs ont finalement déclaré qu’il n’y avait pas vraiment d’augmentation soutenue de la quantité de preuves de l’augmentation de la tendance à la consommation de viande après l’apparition de l’Homo erectus. Étant donné les résultats de ces études, les chercheurs soutiennent l’importance de mener des recherches plus approfondies sur le sujet. « Cette étude change notre compréhension de ce que les archives zooarchéologiques nous disent sur les premiers mangeurs de viande préhistoriques. Cela montre également à quel point il est important que nous continuions à poser de grandes questions sur notre évolution, tout en continuant à découvrir et à analyser de nouvelles preuves sur notre passé », a conclu Briana Pobiner, coauteure de l’étude.
Par Gabrielle Andriamanjatoson, le
Source: ZME Science
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