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Le confinement accentue grandement la charge mentale de certaines femmes en couple et avec enfants

Éducation des enfants, tâches ménagères, augmentation des violences conjugales...

Depuis le 17 mars dernier, la France est entièrement confinée afin de limiter la propagation de l’épidémie de coronavirus. Cette situation est bien complexe pour chacun d’entre nous. Elle accroît notamment les inégalités entre les femmes et les hommes. 49 % des ménages se disputeraient d’ailleurs davantage au sujet des tâches ménagères et 37 % en ce qui concerne l’éducation des enfants. La boule au ventre est également omniprésente pour celles qui sont victimes de violences conjugales. De nombreuses femmes prennent également conscience de la place qu’elles occupent au sein du cercle familial. Tous ces facteurs ne font donc qu’accroître leur charge mentale durant ce confinement.

« 49 % des ménages déclarent plus se disputer au sujet des tâches domestiques qu’avant le confinement« 

Depuis le début du confinement, le quotidien des Françaises et des Français est bien compliqué. Une récente enquête de l’Ifop intitulée « Ma casa va craquer » rapporte d’ailleurs que « 49 % des Français déclarent s’être déjà disputés avec leur conjoint au sujet des tâches ménagères et de leur répartition au sein du couple« .

Cette augmentation assez importante s’explique de différentes manières. En effet, le confinement marque la fin des excuses pour ne pas réaliser telle ou telle tâche au sein du foyer familial. « Ce qu’on voit, c’est que les hommes et les pères ne font pas les tâches domestiques non par manque de disponibilité mais de volonté. L’abandon des privilèges masculins est refusé, et ce sont toujours aux femmes de s’occuper des tâches les plus ingrates et les plus chronophages« , rapporte notamment Céline Piques, porte-parole d’Osez le féminisme.

— Stock-Asso / Shutterstock.com

« Le confinement marque la fin d’un mensonge entre moi et moi-même. Avant, je me persuadais que s’il ne faisait rien à la maison, c’était parce que le boulot le fatiguait ou qu’il était rarement là. Maintenant qu’il est au chômage technique et qu’il n’en fait pas une, la vérité m’éclate à la tronche. Je vais devenir folle à le voir assis sur le fauteuil à ne rien faire pour le foyer. Souvent le ton monte, la dispute éclate et les reproches fusent« , a témoigné à ce sujet à 20 Minutes une mère de famille de 42 ans. Ce couple est donc loin d’être une exception durant cette période de confinement.

« Christine Delphy (sociologue française et militante féministe) avait déjà situé le foyer et la famille comme les paroxysmes de la domination et de l’inégalité. Les femmes se trouvent enfermées à l’endroit le plus injuste pour leur genre, dans une organisation familiale dont on sait la remise en cause très difficile. Ça montre par exemple que le congé paternité, que beaucoup appelaient de leurs vœux pour améliorer la situation, ne servira à rien sans remise en question des hommes et de leur éducation. Il faut changer les habitudes culturelles, plus que vouloir s’attaquer à des questions de durée et de temps, qui ne sont que de fausses excuses« , ajoute également Céline Piques.

Des enfants présents en permanence

La présence permanente des enfants au sein du foyer est également à l’origine de l’accroissement de la charge mentale des femmes pendant le confinement. « Comment voulez-vous gérer le télétravail, les tâches domestiques et les deux enfants en une seule journée ? Je fais des nuits de quatre-cinq heures pour avoir le temps de m’occuper de tout. Une fois de plus, c’est à moi de me sacrifier, moi et ma santé« , a également expliqué cette mère de 49 ans. Selon l’Ifop, l’éducation des enfants serait le premier motif de dispute pour les couples en confinement : 37 % d’après le sondage. La situation est d’autant plus tendue avec les obligations de l’école à la maison.

« Dans les cours en visio, dans les mails de réponse qu’on reçoit, c’est à 95 % les mères qui s’y collent. C’est triste à dire mais ça me rend heureuse de ne pas encore avoir d’enfants, vu le manque d’implication de mon mec pour le ménage, je sais que c’est moi qui aurais dû me farcir les devoirs de nos enfants aussi« , a expliqué une professeure de français de collège de 29 ans.

— Iakov Filimonov / Shutterstock.com

Un manque de reconnaissance

Avec le confinement, les femmes se rendent également compte du manque de reconnaissance qu’elles subissent au quotidien, surtout au travail. L’exemple des enseignantes et des professeures en témoigne notamment. En effet, depuis le début du confinement et les obligations du travail à la maison, les parents se rendent de plus en plus compte à quel point être enseignant ou professeur est complexe et éprouvant. Les femmes établissent également des parallèles entre leur profession et les tâches ménagères.

« Pourquoi cette reconnaissance soudaine ne s’applique-t-elle pas aussi aux tâches ménagères. ? Un temps, j’ai pensé qu’on verrait également une vraie prise de conscience de la difficulté domestique et du travail des femmes. Mais je dois être trop optimiste…« , a également expliqué l’enseignante de 29 ans.

— fizkes / Shutterstock.com

Néanmoins, selon Céline Piques, ce manque de reconnaissance en ce qui concerne les tâches ménagères est toujours le même qu’avant le début du confinement. « Il y a cette idée que ce qui se passe dans le foyer ne concerne pas la société. Tant qu’on jugera les tâches ménagères et éducatives des parents économiquement nulles et gratuites, il n’y aura pas de prise de conscience. » Avant le confinement, les femmes consacraient 160 minutes par jour à l’entretien de la maison, contre 115 pour les hommes, selon une étude d’Ariane Pailhé et Anne Solaz publiée à la fin de l’année 2019 dans la Revue européenne de sociologie.

Pression et peur permanentes

À ces différents facteurs, s’ajoutent également la pression et la peur permanentes de certaines femmes victimes de violences conjugales. Depuis le début du confinement, elles ont augmenté de 36 % en France. Ces femmes ont toujours une boule au ventre à l’approche d’une dispute. « Je conteste de moins en moins. Déjà, je suis épuisée. Ensuite, ça servirait à quoi ? Et puis, quand il lève le ton, j’ai plus peur qu’avant. On est enfermés tous les deux, si ça se passe mal, je ferai quoi ? Du coup, j’ai cessé de commenter la vaisselle qu’il ne fait pas ou l’appartement qu’il salit. Une dispute pourrait être trop coûteuse, je m’occupe de tout en silence« , témoigne une femme au foyer de 34 ans.

— Miriam Doerr Martin Frommherz / Shutterstock.com

« Par crainte de subir encore pire, les femmes vont avoir des stratégies de protection en termes de partage des tâches parentales, voire plus loin… Elles accepteront plus de choses, ou renonceront à se battre sur plus de sujets, par peur que cela n’aggrave encore leurs cas« , explique Françoise Brié, porte-parole de Solidarité femmes (au 3919), membre du Haut Conseil à l’égalité et directrice de l’Escale, centre d’accueil et d’hébergement pour les femmes victimes de violences. Malheureusement, ces situations dramatiques sont d’autant plus importantes en présence d’enfants « où pour les protéger de la vision d’une explosion de violence, les femmes vont se soumettre encore plus« .

« Depuis le confinement, il y a une prise de conscience chez certaines femmes des violences qu’elles subissent« 

« Depuis le début du confinement il y a une prise de conscience chez certaines femmes des violences qu’elles subissent, que ce soit les violences de la répartition des tâches domestiques, des violences verbales ou physiques, et qui dataient d’avant le confinement. La relation de domination est plus évidente à constater pour elles« , constate finalement Françoise Brié. 

« Il est désormais clair qu’on ne fera pas d’enfants tant qu’il ne s’occupera pas plus des tâches ménagères. Je ne veux pas m’occuper seule de l’éducation, et actuellement, il ne semble pas prêt à partager« , a d’ailleurs également témoigné la professeure de 29 ans.

Malgré cela, il est évident que certains hommes participent aussi aux tâches ménagères. « Il y a une répartition égale des tâches domestiques, il fait la vaisselle, le ménage, etc. une fois sur deux. Je me dis que j’ai de la chance. Mais justement, considérer cela comme une chance, c’est une partie du problème« , a notamment témoigné une jeune femme de 27 ans à ce sujet.

Par Cécile Breton, le

Source: 20 Minutes

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