À l’heure d’une prise de conscience sur le coût territorial et environnemental élevé des méthodes d’inhumation traditionnelle — crémation ou enterrement —, de nouvelles initiatives proposent des méthodes alternatives pour repenser notre rapport à la mort et aux dépouilles de nos défunts. En 2021 ouvrira le premier centre de « compost humain » dans l’État de Washington (USA), qui en mai dernier a autorisé la pratique.
Le lourd coût environnemental des inhumations classiques
Les méthodes d’inhumation les plus répandues dans le monde occidental — enterrement classique dans un cercueil et crémation — ont un coût. D’abord, le vieillissement de la population pousse à s’interroger sur l’espace que prennent les défunts : aujourd’hui, 600 000 personnes meurent chaque année en France, et 65 % d’entre elles choisissent l’enterrement.
L’enterrement implique une préparation des corps — des produits à base de formol sont utilisés pour préparer les corps et ralentir leur décomposition, qui peuvent se retrouver en terre —, des cercueils — boiseries, vernis, peinture… —, et des tombeaux — excavation, entretien, etc. De même, les crémations rejettent une grande quantité de CO₂, et nécessitent beaucoup d’énergie (pour en savoir plus sur les crémations, vous pouvez aussi écouter l’excellent podcast, en anglais, de Stuff You Should Know).
Si la France semble particulièrement attachée à ces modes d’enterrement traditionnels, des initiatives émergent, visant à un certain retour à la nature — Le Monde avait produit un reportage sur la première forêt cinéraire française.
Une solution plus durable ? Le compost humain
En mai dernier, l’Etat de Washington — particulièrement progressiste en termes de respect de l’environnement et solutions durables — était le premier Etat américain à autoriser de nouveaux procédés sur le traitement des personnes après leur mort.
Une entreprise de Seattle, Recompose, dont l’ouverture est prévue fin 2020-début 2021, veut être le premier centre de « compost humain » au monde, promettant de transformer en trente jours le corps du défunt en terreau organique, dans un processus de « réduction naturelle organique », ou « recomposition », selon les propos de la fondatrice, Katrina Spade.
Le site de Recompose explique qu’au sein de caveaux individuels, les « corps sont couverts de sciure de bois et aérés, fournissant un environnement parfait pour le développement naturel de microbes et de bactéries bénéfiques ». Au bout de trente jours de confinement, « le corps est complètement transformé, créant de la terre qui peut maintenant être utilisée pour donner à nouveau la vie ».
Spade s’exprimait en janvier dernier sur Citylab sur la démarche : « Avec le processus d’aération, l’oxygène est un facteur très important, parce que ce que nous faisons en substance est la création du bon environnement pour que les microbes agissent. Cela demande de l’oxygène, de l’azote et du carbone, pour que les microbes travaillent au mieux pour tout décomposer au niveau moléculaire et créer un beau terreau utilisable. »
Après les trente jours, la famille pourrait disposer d’environ 0,7 m3 de terreau. La procédure permettrait, selon Recompose, d’éviter l’émission d’une tonne de CO₂ par personne par rapport aux inhumations traditionnelles, et coûterait 5500 $ (moins de 5000 €, ce qui constitue plus qu’une crémation mais moins qu’un enterrement moyen).
De telles initiatives en France ?
Une telle démarche ne semble pas sur le point de voir le jour dans notre pays. La question a été abordée en 2016 à l’Assemblée nationale, mais ne semble pas être une priorité. Le débat semble être davantage à l’ordre du jour en Belgique, où les partisans de « l’humusation » des corps font face aux réticences, d’ordre religieux ou non, de politiques à propos du respect de la dignité humaine.
Les réserves se portent également au sujet des résidus pathogènes et médicamenteux, présents dans le corps, qui pourraient se transmettre dans la matière organique produite : Recompose assure qu’à l’exception des maladies nécessitant un isolement en quarantaine qui ne pourraient bénéficier du processus, les quatre semaines de délai permettent une production de chaleur et d’humidité nécessaire à l’élimination des maladies et résidus médicamenteux présents dans le corps.
Quoi qu’il en soit, l’avenir de l’inhumation n’est plus exclusivement divisé entre le cercueil et l’urne, et devrait tendre au développement de pratiques prônant le retour des corps, après le trépas, à des environnements plus naturels.
Par Victor Chevet, le
Source: ScienceAlert
Étiquettes: inhumation, compost humain, humusation
Catégories: Actualités, Écologie
Bien, mais que fait-on des os? Il est également dit qu’un corps produit 0,7 m3 d’humus: ce qui faut 700 litres. Curieux, non. Quant au prix de 5000 euros, il n’inclue pas les frais de cérémonie. Quant au bilan carbone, il est douteux: l’aération, la désodorisation, la désinfection doivent représenter beaucoup d’énergie.