Le champignon mortel Batrachochytrium dendrobatidis a anéanti toute une espèce d’amphibiens à travers le monde, et ce depuis des décennies. Comment est-ce que cette catastrophe environnementale a commencé ? Une nouvelle étude suggère que la cause proviendrait des médecins qui importaient des grenouilles afin de les utiliser comme tests de grossesse.
Depuis les années 1980, le nombre d’espèces d’amphibiens a connu une forte baisse. Certaines estimations suggèrent que 400 ou plus des espèces d’amphibiens ont disparu ou se sont presque éteintes. Les scientifiques ont finalement identifié les principales causes de cette dévastation : la chytridiomycose, un champignon, Batrachochytrium dendrobatidis nommé Bd, se propageant par l’eau, décompose la peau des amphibiens et perturbe leur capacité à respirer et à se nourrir.
Les chercheurs de plusieurs universités se sont joints afin de déterminer l’origine de cette infection et ont relayé les résultats de cette étude : la Xénope du Cap – une grenouille – serait responsable de la propagation du Chytridiomycète. Un écologiste, Marm Kilpatrick, décrit cette propagation comme « la plus grande menace pour la diversité des amphibiens à travers le monde ».
L’explication de ce phénomène : la Xénope du Cap, longtemps utilisée dans les hôpitaux jusque dans les années 70 pour les tests de grossesse, aurait été contaminée par le Chytridiomycète. Or, le Chytridiomycète représente un risque élevé pour les amphibiens : toutes les espèces de grenouilles testées s’y sont montrées vulnérables.
Le processus appelé test d’Hogben est le premier test de grossesse à avoir été mis au point. Il consistait à introduire l’urine de la femme chez une grenouille. Si on observait la ponte 12/24 heures suivant l’injection cela signifiait que la femme était enceinte. Cette stimulation hormonale est due à la présence d’une hormone dans l’urine des femmes enceintes qui fait atteindre à la grenouille sa maturité sexuelle.
L’équipe scientifique menée par un biologiste, Vance Vredenburg, lie directement cette maladie à la propagation chez l’amphibien. Inside Science explique :
L’équipe de Vredenburg a analysé 201 specimens de grenouilles africaines à griffes, notamment celles conservées en Californie. Ils ont observé que deux grenouilles importées d’Afrique en 1935 avaient le Bd.
Les scientifiques pensent que la libération de nombreux amphibiens a eu un impact très important sur le reste de l’espèce : « Les grenouilles qui se sont échappées ou ont été remises dans la nature par le personnel hospitalier ou les particuliers peuvent avoir porté le champignon chytride.« . Vredenburg a déclaré : « Ici en Californie, le Bd a tué 99,9% des populations de grenouilles dans les montagnes. Il s’est propagé de manière rapide et a littéralement contaminé des centaines d’espèces d’amphibiens à travers le monde.«
Ces tests de grossesse, qui sont désormais de l’ordre du passé, ont eu un impact important sur notre l’environnement actuel – et malheureusement on ne le découvre que maintenant. A l’heure actuelle, le Bd se propage toujours menaçant leur existence.
Pourtant, le rôle des amphibiens dans l’écosystème est déterminant, ils servent de prédateurs envers les insectes propagateurs de maladies et de proies pour les oiseaux. Leur extinction engendrerait des conséquences difficilement envisageables. Etant donné la situation actuelle, que pensez-vous du futur de cette espèce?
Par Leslie Petrus, le
Source: Io9